Après avoir avorté un départ de Jeufosse la veille (trop de vent, trop de route, trop de TMA que je ne connais pas encore…), je choisis de rester à la maison pour un samedi pantouflard en voyant les arbres torturés par le vent.
Cela m’a laissé le temps de préparer un éventuel départ de Chaudefonds-sur-Layon. La journée du dimanche s’annonce aussi bonne, bien qu’avec un plafond un peu plus bas et des thermiques bleus annoncés.
Les principaux obstacles à anticiper sont :
– au nord les TMA 1 et 3 de Nantes (respectivement 457m et 1066m maxi)
– au sud la TMA 1 de La Rochelle (609m maxi)
– et s’extraire de ce petit site de Chaudefonds de seulement 35m de dénivelé
Pas de problème avec la TMA 4 nantaise (1676m maxi) vu le plaf annoncé
Objectif : poser à la plage des Sables d’Olonnes !
Arrivé sur le site vers 10h40 le vent ronfle comme annoncé et nous attendons avec 3 puis 4 pilotes d’Envol d’Anjou.
Alors que c’est clairement redescendu vers 11h40, Marc mesure une rafale à 44km/h et je remballe mon aile pour m’abriter.
A 12h05 C’est clairement redescendu. Décollage, et fait absolument inattendu, après 20m de vol sur la gauche, je sens une belle pompe bien consistante… Je n’en crois pas mon vario que j’annonce rapidement en radio : +3 , +4. Je suis à 1000m, 8min après avoir décollé! Je suis à Chaudefonds où à Annecy ?? Moi qui craignais pour des difficultés d’extraction.
Me voila donc à mon premier plaf à 1200m, dans un ciel rempli de cumulus contrairement aux prévisions. Ce ciel ne sera que temporaire puisque l’inversion descendra à 1000m dans la première heure de vol et le ciel se lavera progressivement de tous les cumulus. Malgré tout, je sais qu’il est tôt et qu’il va falloir être patient.
Ça s’organise plutôt bien et je pense déjà à surveiller la TMA de Nantes. Je ferai chaque choix vers le sud, je crabe sur ma gauche. En cette période de fin d’élection présidentiel, je dirais : « Crabez tôt, pour crabez moins ! ». Je passe comme ça à 3.5km de la pointe sud-ouest de cette zone D.
Les thermiques sont parfois puissants et je vois encore quelques cum plus de 200m au dessus de l’inversion. Magnifiques, mais ils sont de plus en plus rares et me font envie bien que j’imagine que les thermiques qui les ont formés doivent être bien pêchus.
Je passe au nord de Cholet en zérotant. En décollant à midi, et poussé par un vent de 20km/h, je n’ai pas besoin de voler vite pour espérer atteindre mon but. A ce moment, je me réjouis par le fait que j’ai probablement battu le record du site de Chaudefonds.
Au km 67, je trouve un gros vario au dessus d’une petite ville. Il me mène sur un des tous derniers cum perchés impérieusement 300m au dessus de l’inversion. Un moment excellent ! Quelle vue limpide ! J’en profite pour prendre une photo de mon petit joufflu qui m’a permis de passer la tête au dessus du bocal. Je fais souvent des photos en début de transition c’est plus tranquille. Mais cette fois ci, une turbulence me surprend. Je ne comprends qu’après qu’elle est due à mon retour en dessous de l’inversion grisâtre qui me masque encore l’océan.
J’entends le téléphone à 3 ou 4 reprises durant mon vol et je me dis que si j’avais 6h de vol dans la vessie, j’aurais préféré entendre une autre sonnerie car le son des bulles d’eau bouillantes qui me donnent une envie temporaire et artificielle de petite commission…
Je me dis aussi qu’il est temps que les applis de position GPS transmis en live se démocratisent pour partage et de sécurité.
Je passe la pointe sud de la TMA Nantaise sans problème (à 6.5km), je vais pouvoir orienter plus à l’ouest mon vol vers Les sables d’Olonnes. Ça fait déjà quelques kilomètres que je distingue progressivement l’océan puis le contour de notre côte Atlantique, et je contiens mon cœur de tout emballement prématuré.
Bon les Sables… les Sables, c’est où ?? Encore impossible de voir la couleur d’une ville. La veille, je n’avais pas osé rentrer la ville dans mon GPS, on ne m’y reprendra plus. Alors je cherche sur la page « carte » de mon GPS en comparant avec la forme de la côté, le tout en passant juste à côté de la Roche sur Yon. Ce sera le début de mon relâchement.
J’enroule sans trop me concentrer et après mon dernier plein, je pars en transition entre une ville sur ma droite et des champs clairs sur ma gauche, droit à travers la verdure. Comme si simplement parce que j’arrive bientôt à destination, il n’est plus nécessaire d’assurer chaque plein. Depuis ce dernier plaf à 900m, je me retrouve appuyé dans du -2.5 comme pour me punir de cette première transition hasardeuse. Ironies supplémentaires, le champ que je choisis en bout de transition déclenche de partout, ce qui explique la dégueulante que j’ai traversé. Ce champ est croisé par 2 lignes électriques qui ne m’ont pas vraiment plu quand j’ai dû faire mon approche au dessus avec un bon 20 à 25 km/h de face. Je pose sans encombre plus de 40m devant.
On dit souvent aux enfants : « Finis ce que tu as commencé », et bah là j’aurais mieux fait de l’appliquer ! Je pose à 20km de la plage des Sables d’Olonnes alors qu’il reste encore plus de 5h de convection !! Haaaa ! Cette erreur me servira.
Malgré cette frustration, j’ai beaucoup de satisfactions en mettant mon aile en bouchon.
Je prends enfin une revanche sur mon premier cross en 2008 et sur les zones réglementées. J’avais dû faire demi-tour à 1500m d’altitude au km 94, barré par… …hum… par un aéroport… Je n’y connaissais rien aux zones réglementées et je n’imaginais même pas atteindre cette ville.
Une grand merci à mon amour, Céline, qui est venue me récupérer dans le jardin de la ferme où je faisais bronzette en l’attendant. C’est un peu grâce à elle que je peux assouvir pleinement ma passion.
François
PS : Bon, pour le prochain? Heu, il faut travailler la gestion de la fatigue, le pipi en vol (encore jamais fait), le mental qui m’a lâché cette fois ci, et mettre toutes les balises utiles sur le chemin. Il faut maintenant que j’arrive à gérer des vols de 5h et plus.
La trace : http://www.paraglidingforum.com/leonardo/flight/605021