Cross TMA compliant – Redon/Nivillac

Disclaimer

Ce récit est fait par un pilote qui est globalement pas très expérimenté et surtout pas en plaine. Il n’a ABSOLUMENT PAS but d’être un modèle pour rien. Je dois l’avouer que le but est autant d’avoir des retours de pilotes plus expérimentés que de partager à d’autres pilotes curieux.

Vidéo

Contexte du pilote

J’ai commencé le parapente dans les Pyrénées (Accous) avec deux stages en 2016 et 2017. Depuis le début de mon autonomie (2017), j’ai surtout volé en montagne, que ce soit dans les Alpes, les Pyrénées Espagnols et Français. Jusqu’à il y a une semaine, voler en Loire Atlantique consistait surtout à combler gros manque de vol avec du soaring sur la cote.
En 2019 j’ai suivi un stage d’initiation au cross, toujours à Accous. Puis j’ai pu réaliser de bons cross, relativement à mon niveau, dans les Alpes en autonomie. Un cap était passé, le bocal c’est beau, plus loin c’est au moins aussi beau.
Les dernières semaines avant ce vol, j’ai pu m’exercer au vol de treuil en plain sur une dizaine heure, comprenant un très beau vol Guéméné/La Roche Bernard (40km).

Contexte du vol

Site de vol

Pour cette séance de treuil, nous avons choisi le site de l’aérodrome de Redon. C’est particulier de décoller en parapente d’une piste d’avion.

Il faut bien admettre que ce site présente le gros avantage de ne pas avoir d’obstacles dangereux en bordure de piste. Bien sur la cohabitation avec l’aviation peut être assez complexe, mais pas ce jour ci. Pas un seul avion n’est venu dans la zone.

La piste nous offre un tracé de plus de 800 m orienté NE/SO.

Localisation du site (Openstreetmap)

Conditions météo

Prévisions

Cette fois ci, j’ai essayé d’améliorer mon analyse météo. Je voyais:

  • Au sol, un vent principalement allant de NE à N. La composante d’Est s’effaçait peu à peu dans l’après midi. La vitesse comprise entre 5 et 10 km/h.
  • En altitude, le vent ne se renforce pas beaucoup mais prend une composante d’Ouest. L’avancement de l’après midi accentue ce phénomène.
  • L’arrivée d’une brise d’Ouest proche de la côte qui ferait naître ce qui peut s’apparenter à une confluence permettant de descendre en SSE.
  • Le plaf compris entre 2 100 et 2 400m, bien assez pour être heureux.
  • Avec les prévisions de la veille, de nombreux nuages. Mais les prévisions du matin donnait une nébulosité très faible.

Pour la prochaine fois, je penserais à faire des captures d’écran des sites de météos la veille pour illustrer.

Observations

Au niveau du vent au déco, les prévisions annoncées semblaient bien corrects, le plaf à un peu plus de 2 000 m. Les prévisions corrigées du matin sur les nuages étaient assez valides. Il n’y avait que peu de nuages par rapport à ce que j’espérais la veille en début de vol. Sur la fin du vol et surtout après avoir posé, j’ai remarqué que pleins de jolis cums se formaient. Je pense que ça a un rapport avec la brise et la confluence qui étaient annoncées. Il peut y avoir un apport d’humidité dans l’air par la brise qui a facilité la condensation.

Réglementation aérienne

Regardons maintenant les zones aériennes pour un vol avec un vent de N à NE puis du NNO en fin de vol.

Carte OACI-VFR (Géoportail)

Avant toutes choses référençons les zones du coin pour bien visualiser (Les zones inaccessibles ont été ignorés). La pression considérée était à 1033 hPa. N’étant pas expérimenté en aviation, je ne suis pas très à l’aise avec les pieds ou les niveaux de vols. Par habitude je passe tout ça en altitude AMSL exprimée en mètre.

LabelMin notéMin mètreMax notéMax mètre
TMA Nantes 1.22500ft762m3500ft1066m
TMA Nantes 1.12500ft762m3500ft1066m
CTR St-Nazaire 10ft0m1500ft457m
CTR St-Nazaire 21500ft457m2500ft762m
TMA Rennes 3FL0652005mFL1153529m

Le site de décollage est proche de deux zones: La TMA Nantes 1.2 au Sud et la TMA Rennes 3 au NE. Le TMA de Rennes n’est pas préoccupante car elle a quelques kilomètres face au vent, clairement pas la direction que je vais choisir. La TMA de Nantes demandera par contre de garder une composante d’Ouest durant le vol pour ne pas s’y retrouver piéger. Je risque donc de devoir craber et ne pas juste me laisser porter par le vent.

Dans l’objectif d’avancer vers la côte Guérandaise, je vais devoir avancer assez loin jusqu’à largement passer Herbignac. Le brise en fin d’après midi risque de ne pas me faciliter le travail mais ça serait impératif pour ne pas risquer de se rapprocher de la CTR de Saint Nazaire.

Tout est prêt pour rouler jusqu’à Redon en sortant du boulot !

Déroulement de la journée

Avant le vol

Arrivée sur site vers 14h. Deux voiles sont déjà en l’air, pas d’avions à l’horizon, pas un chat dans l’aérodrome. Comment entre-t-on la dedans en temps que parapentiste ? Question sans intérêt, naturellement: A pied.

Directement après une petite marche pour retrouver les collègues du club, il est temps de préparer l’équipement. On n’est pas beaucoup, il est assez tard, il faut en profiter et ne pas perdre de temps. L’équipement checké, la moitié du sandwich d’englouti, il est temps de décoller. On commençait à perdre de vue Gérard qui montait au dessus de Redon, les conditions ont l’air de donner.

En effet mais sélectivement. Cette première treuillée n’a pas été du tout efficace, 170 m, deux virages puis me voilà au sol. Mais qu’est ce qui s’est passé ? La réponse est venue à la radio de Bernard au treuil: « Là je suis désolé, ça n’a rien donné. On est monté à 60 km/h, ça ne portait pas ». Aucun problème ça, arrive.

Le vol

La treuillé

Mon vol d’échauffement est fait, maintenant je dois tenir en l’air ! Gonflage, déco, et voilà que ça monte ! De suite plus rassuré, je suis le couteau entre les dents, la piste est courte. Il va falloir assurer pour chopper une première ascendance.

Pas mal classe le déco d’un aérodrome

Premier thermique

Me voilà largué, il faut maintenant trouver de quoi à monter. J’ai un mauvais souvenir du vol précédent mais là j’ai bien 100m de plus et une forte envie de ne rien lâcher. Coup chance, un thermique m’a récupéré très rapidement. Bon mon envie de ne rien lâcher me servira pour plus tard. C’est parti pour une lente montée en se laissant dériver. 940 m, je me sens plus en sécurité et je profite un maximum du paysage.

Voilà donc à quoi ressemble un aérodrome vu du ciel

Belle montée au dessus de Redon

Le thermique perdu, je m’avance vers Redon à la recherche d’un prochain. Sans se faire attendre en voilà un. Je me fais une belle montée jusqu’à 1650 m avec un taux de montée plutôt efficace. 900 m en 6 min par rapport aux derniers 550 m en 9 min. Une prise de thermique plutôt efficace mais ça sera bien la dernière de la journée.

Autant je n’ai jamais visité Redon, mais je l’aurais découvert du ciel

Chasse de nuages et belle descente

Une fois en haut que fait on ? Les autres, je ne sais pas mais moi j’essaye d’y rester. Cap sur un nuage encore bien plus haut que moi pour chercher à monter jusqu’à lui.

Allez devient un beau cum mon petit

Mais ce forme-t-il ou est-il entrain de se désagréger ?

Okay j’ai parié sur le mauvais cheval, demi tour de suite

Pas d’autre nuage accessible, plus qu’à suivre le vent et espérer croiser un beau thermique.

Il est beau ce petit champs là bas. Il a bien failli marquer la fin de mon vol !

Je ne sais pas si je me place mal, si je repère mal les thermiques mais à chaque fois que j’atteins un beau plaf, il faut que je fasse un point bas ensuite. Dégringolade, de 1 650 m à 145 m (Rendu là on compte chaque petit mètre). J’ai bien l’impression que je vais gagner une rando aux bords de la Vilaine pour rentrer, durant cette transition, j’ai le temps de bien voir par où rentrer. la promenade peut être belle mais je ne suis pas là pour ça.

Point bas de la mort qui tue

A nous deux maintenant

Bon je ne suis pas haut, il va falloir se sortir les doigts et être concentré pour s’en sortir. Je trouve une ascendance au dessus de ce champs. Je tourne, je tourne, je retourne, je ne lâche pas. Petit à petit je remonte. Il ne faut surtout pas sortir du thermique sinon je vais me retrouver au sol bien de trop rapidement à mon goût. Le vario m’annonce 300 m, il n’y a encore rien de gagné pour s’en… Un papillon ?!? Qu’est ce que fout un papillon à 300 m ? Je le vois battre des ailes comme s’il était à un mètre du sol. Humm… si un papillon arrive à monter à 300 m, c’est que d’un il y a bien une ascendance dans le coin (Moi aussi je monte donc forcément oui) et de deux ce papillon doit faire partie de l’élite des papillons du coin. En proportion, c’est comme si j’étais à 18 000 m, pas mauvais. Maintenant je ne le vois plus comme un négligeable insecte voletant mais comme le papillon venant au secours de Gandalf dans le Seigneur des Anneaux.

Je ne lâcherais rien. Je ne poserais pas ici. Il est temps de monter. 560m et me voilà qui perd pour beau thermique du papillon.

J’avance, j’avance, mais ça ne monte pas

Peur de l’altitude ? Volonté de ne pas s’approcher des limites d’un espace aérien imaginaire ? Gros manque d’efficacité ? En tout cas, ce n’est plus un point bas, c’est un cross à faible altitude. Un digne entraînement pour partir en vol de distance sous des TMA.

Je redescends au 220 m, j’avance, je zérote, je monte un peu, je reperds. Que c’est mentalement épuisant.

C’est beau mais je suis sur que ça serait encore plus beau vu de plus haut

Me revoilà encore dans une mauvaise posture quand je remarque une buse qui enroule un peu plus bas que moi.

Ma nouvelle guide

Une buse ? Peut être mais moi j’y vois les aigles venus sauver Gandalf.

Encore une fois je n’ai pas le droit de lâcher. il faut que je m’en sorte que je grappille petit à petit. Ce que je réussi après 30 min à me battre et avoir parcouru 5 km. j’atteins enfin une altitude confortable. J’en profite pour réfléchir aux raisons pourquoi j’ai autant galéré à sortir de mon point bas. Mais en même temps si je me refais la trilogie du Seigneur des Anneaux en vol, je ne peux pas être bien concentré.

TMA te revoilà

Durant mon périple à basse altitude, je n’ai absolument pas surveillé mon cap. trop heureux de réussir à remonter, je ne occupe plus du tout de la TMA. 720, 730, 740, quoi mais je ne peux plus monter que de 20 m ici ? Comme a dit un grand homme un jour « On-se-cas-se ! ». Merde, c’est qu’en même bête tout ça. Faire du rase motte pendant 5 km pour réussir à prendre un bon thermique, directement sous la TMA.

Cette fois ci, je ne rentrerais pas dedans

Il s’en suit une longue séquence de vol en crabe, limite à remonter un peu le vent pour s’écarter de cette zone de malheurs.

La remontada !!!

La fin de la remontée en crable a été précipité par la rencontre d’un nouveau thermique qui celui-ci m’emmena jusqu’à un appréciable 1 400 m.

Il est où le papillon maintenant ?

Encore une fois j’ai essayé de me battre mais une erreur et se fut perdu. A peine sorti du thermique, j’ai commencé à m’enfoncer entre -2 et -3 m/s sans jamais réussir à retrouver l’ascendance. Au moins je ne peux pas dire que je ne trouvais pas de bon terrain pour poser.

Récup’

La voile pliée me voilà parti pour de longues heures de marche et quelques dizaines de kilomètres. De quoi à m’entraîner pour les vols-rando. Il fait beau, j’ai à boire, à manger, le coin est joli, je vais pouvoir finir au bord de la Vilaine. Je pars en ne pensant pas revoir la voiture avant le début de la nuit mais voilà qu’1h20 après Léon me propose de me ramener à l’aérodrome. Bien que gêné de déranger, je sens le baroudeur toujours prêt à rendre servir comme pour remercier ceux qui l’ont aidé lors de ses périples autour du monde. Me voilà embarqué dans sa voiture, une bouteille de jus de pomme maison à déguster avec quelques dizaines de minutes pour rencontrer le plus grand voyageur de notre club.

Un grand merci Léon et je peux te promettre une chose, tu m’as fais découvrir ton jus de pommes. La prochaine fois que l’on se verra je te ferais découvrir une autre spécialité (d’un autre coin) pour te remercier.

Bilan

Encore une fois un magnifique vol de plaine. Un bon exercice de persévérance et de concentration lors de mes passage à basse altitude. Avant le décollage, j’espérais faire une plus grande distance mais au moment du largage, j’aurais été heureux de juste réussir à prendre un thermique en local. A partir du premier point bas, je me voyais au sol 2 min après. Visons d’abord très haut pour ensuite avancer par petit pas.

En revoyant la trace GPS, je remarque qu’il n’y a vraiment que la prise du thermique m’emmenant à 1 600 m qui a été propre. Le reste du temps je n’arrivais qu’à un très faible tôt de montée. Il va vraiment falloir que je m’entraîne à la prise de thermique pour gagner en efficacité.

  • A: Largage du treuil
  • B: Permier thermique en local
  • C: Point haut au dessus de Redon
  • D: Point bas du papillon
  • E: Cross en point bas
  • F: Montée sous la TMA de Nantes
  • G: Dernière montée à 1400

Au moins à faire des vols aussi bas, je vais être prêt pour voler sur le site de la 4 Voies et réussir à faire de la distance tout du long sous la TMA.

Conclusion

Maintenant je peux le dire ce suis fan ! Du parapente, c’était déjà le cas, mais du vol de plaine aussi. Quand est ce que l’on recommence ?