Vidéo
Pour commencer, deux vidéos pour mettre en image ces trois journées.
Contexte
Bien motivé par un premier vol bivouac en 2020 (https://www.ata-vollibre.fr/2020/07/20/4-et-5-juillet-2020-vols-bivouac-dormiouse-cheval-blanc/) en aller retour entre le lac de Serre Ponçon et la montagne du Cheval Blanc, j’ai eu envie de rentrer plus sérieusement dans cette pratique.
J’ai trouvé intéressant de participer à une compétition pour passer à un niveau de parcours plus exigeant. Ainsi il me serait possible de m’appuyer sur une organisation et les autres concurrents pour partager sur la météo, le parcours et les différentes expériences de chacun.
C’est ainsi que je me suis intéressé à la X-Pic, une course de vol / rando avec pour objectif de rallier Saint Hilaire depuis la Sainte Victoire en 4 jours.
La X-Pic
En février, me voilà inscris à la X-Pic, la pression monte de mois en mois à l’approche de la course en Juin. Ai je vraiment le niveau pour réussir à boucler le parcours en 4 jours ? Est ce que je ne m’engagerais pas dans une compétition trop dure pour moi…
En effet, le parcours mesure presque 190km à vol d’oiseau et 260km avec le plan de vol que j’envisage. Moi qui pensais boucler mon premier 100km au printemps je n’ai pu que plafonné sous les 80. J’avoue avoir hésité à annuler ma participation jusqu’à au jour où je me suis sérieusement mis à préparer la compétition, ce qui m’a remonté à bloc.
Le parcours
Pour commencé, ayant presque exclusivement volé dans les Alpes du Nord (Je place la limite quelques dizaines de kilomètre au sud de Grenoble), je ne connais quasiment aucune partie du parcours.
Mon premier reflex a été d’étudié les itinéraires utilisés par les traces CFD avec un point de vue macro. Pour cela j’ai utilisé FlyXC avec le layer Airways d’activé.

Le parcours a l’air pas mal expérimenté… enfin dans les dernier 3/4. Une premier zone se distingue de suite. Le premier quart du parcours ne semble pas forcément très emprunté. En y regardant de plus près les lignes les plus fréquentées commence logiquement en arrivant sur les relief alpins. Peu importe le cap de départ de la Sainte Victoire, il va y avoir une bonne soixantaine de kilomètre de plaine à parcourir avec un risque non négligeable de poser sans pouvoir redécoller.
En y regardant de plus près, on distingue deux caps de départ.

Le principal part en direction du NE vers le Parc naturel du Verdon. Un second moins utilisé part quelques degré plus à l’Est que le cap de l’arrivée en direction de la montagne de Lure. Il ne reste plus qu’à étudier les deux trajets qui se dessinent.
Ce premier parcours de 260km ce décompose en:
Parcours Est
- 60km de vol de plaine vers Moustiers Sainte Marie
- Une remonté vers Dignes les Bains pour rattraper la montagne du Cheval Blanc
- Un cheminement jusqu’au lac de Serre Ponçon, une première étape qui m’est déjà connu.
- Transition vers Chorges et remontée le long du Champsaur
- Suivant le moment de la journée:
- En après midi, atteindre Chamrousse et remonter Beldonne
- En matinée aller vers le Vercors, cheminer le long du cirque de Trieves pour atteindre la Chartreuse

Parcours Ouest
Ce parcours plus direct (205km) peut se résumer en:
- 70km de plaine pour arriver sur la montagne de Lure
- Remontée les Barronies jusqu’à Aspres sur Buech
- Traverser le Devoluy pour arriver au cirque de Trieves
- La suite est identique à celle du premier parcours direction Belledonne, ou à longer la Chartreuse

Le parcours Est est celui qui me plait le plus, il semble présenter moins de difficulté sur la première étape (La plaine). Par contre le parcours Ouest est bien plus direct et pourrait permettre un trajet plus rapide.
Vous voyez des choses qui clochent dans ces parcours ? C’est bien normal, ce sont des plans sans connaître les lieux autrement que par internet et la suite de ce récit va vous montrer que je ne les connais toujours pas.
Me voilà avec mon plan de vol:

Échauffement
Nous voilà en Juin, j’ai pris soin de poser la semaine avant la compétition pour découvrir les lieux et voler un peu dans le coin. Un grand merci à Olivier qui m’a proposé de m’héberger dans sa maison au pied de la montagne de la Sainte Victoire. Un jardin avec une magnifique vue pour se reposer de ce soleil de plomb.
Le premier jour, le dimanche, me permet de découvrir le site de vol, la vache dans les Ubacs juste au Nord de la Sainte Victoire et les randos d’approches. Sympathique comme site, mais je suis pressé de retrouver les montagnes. Cette plaine est trop désertique pour moi, où sont les marais et les prairies verdoyantes ?
Les locaux rencontrés sont très pessimistes pour la météo de la fin de semaine. En effet un vent très fort est prévu dès le jeudi alors que le départ de la compétition est le vendredi.
Le lundi matin, je me motive à prendre tout mon matériel de bivouac, je vais tenter de réaliser la première étape vers Moustiers Sainte Marie. Le retour à la Sainte Victoire ne sera peut être pas pour aujourd’hui, il faut être préparé. De plus, si la course a de grande chance d’être annulée, autant faire le parcours par moi même en ce début de semaine.
Jour 1 – Sainte Victoire / Moustiers Sainte Marie – Ca va vite !
Rando Puyloubier / Pic des Mouches
Réveil 8h. J’ai chaud. Je me lève. Je transpire. Ce soleil me veut du mal ! J’hésite entre partir pour la randonnée tôt pour éviter les heures les plus chaude sur ce versant Sud ou partir tard pour éviter d’attendre au soleil une fois en haut. Je décide de prendre mon temps pour préparer mes affaires et être en haut vers 13h. Cela m’évitera aussi de décoller trop tôt au premiers signes d’installation des conditions.

Durant la fin de la rando, j’observe les premières ailes atteignant les nuages. Je me dis déjà que je suis en retard… Heureusement que je ne suis pas monté plus tôt j’aurais pu me faire piéger à les suivre sans que les conditions soient optimales. Et l’objectif de la journée est bien de traverser la plaine, il vaut mieux avoir les meilleures conditions possibles.
Extraction
Arrivé au décollage, je suis rejoins par un local. On s’entend pour partir en même temps pour s’aider au possible durant les premières parties du vols.


On est au même niveau, je le laisse prendre les devant vers les Ubacs. Je suis un peu refroidi par la vache que j’y ai fais la veille. Mais tous ce passe mieux. Les nuages sont mieux formés et balisent bien le ciel. Peut être même trop formé, j’ai perdu mon compagnon de vol entre ces beaux cums. Pas grave, je prends le cap NE vers mon objectif du jour.
Passage des zones aériennes
Après le passage psychologique des Ubacs, je commence à me sentir à l’aise en l’air et à reprendre confiance. Mais me voilà face à une autre barrière: les zones aériennes.

Trois zones se dressent sur mon passage. Deux polygonales, activées en semaine, forment un couloir en NE ou est posée la dernière: P10 Cadarache. C’est avec celle-ci que tout va se jouer. Cette zone cylindrique monte jusqu’à 1280m. Il va être difficile de passer dans les étroits passages entre la P10 et les deux autres zones. Il faut passer au dessus. Mais attention, le CEA Cadarache n’est point accueillant, il va falloir prendre de bonnes marges avant de survoler la zone.
Je m’approche des zones ricochant par deux fois en quittant des thermiques pour éviter la zone la plus au sud. Me voilà à 1230m, à regarder les yeux dans les yeux la P10. Je ne suis qu’à 1km, c’est mon point le plus bas de ce début de vol. Il va falloir se concentré.
Je cherche, je me bats, je sens qu’un thermique puissant n’est pas loin. Je grappille mètre par mètre, 30cm/s en moyenne sur 5min. A force d’être concentré je commencerais presque à voir le noyau de ce thermique se matérialiser juste derrière la parois de la P10. Environ 50m d’altitude de marge, je me permets de me décaler un peu au dessus de Cadarache, le sourire revient. l’ascendance est bien là où je l’imaginais. Je retrouve un bon vario qui me permet d’être confortable au dessus de la zone pour faire une traversée sereine entre 1700 et 1950m. je me permets même d’enrouler de temps en temps pour garder un maximum de marge.

Direction le lac d’Esparron
Je laisse Cadarache dans mon dos pour filer vers mon objectif. De temps en temps je me permet d’enrouler et sur quelques tours pour garder un maximum de hauteur. Ce n’est pas le moment de réduire les marges et de se retrouver à l’enterrer là. Justement la deuxième moitié de la transition ne m’offre plus d’ascendance et me fait descendre à 800m du sol. 800m, cela peut paraître beaucoup, mais c’est très peu lorsque l’on était à 1500m 12min plus tôt.
Je sens une ascendance, je la cherche, je la travaille, 8min à +11cm/s. Je ne suis qu’à deux kilomètres du lac d’Esparron.

Je me dis que si je perds ce thermique j’aurais au moins eu le plaisir de survoler ce lac et ses gorges (un vrai plaisir