En septembre 2021, le club A Tire d’Aile à organisé un stage d’initiation subventionné par la Commission Féminine de la FFVL et le CDVL (Comité Département de Vol Libre) 44.
Le groupe de Nantaise à pu découvrir et s’initier au vol en parapente à Allevard dans les Alpes. Bon visionnage !
J’ai trouvé intéressant de participer à une compétition pour passer à un niveau de parcours plus exigeant. Ainsi il me serait possible de m’appuyer sur une organisation et les autres concurrents pour partager sur la météo, le parcours et les différentes expériences de chacun.
C’est ainsi que je me suis intéressé à la X-Pic, une course de vol / rando avec pour objectif de rallier Saint Hilaire depuis la Sainte Victoire en 4 jours.
La X-Pic
En février, me voilà inscris à la X-Pic, la pression monte de mois en mois à l’approche de la course en Juin. Ai je vraiment le niveau pour réussir à boucler le parcours en 4 jours ? Est ce que je ne m’engagerais pas dans une compétition trop dure pour moi…
En effet, le parcours mesure presque 190km à vol d’oiseau et 260km avec le plan de vol que j’envisage. Moi qui pensais boucler mon premier 100km au printemps je n’ai pu que plafonné sous les 80. J’avoue avoir hésité à annuler ma participation jusqu’à au jour où je me suis sérieusement mis à préparer la compétition, ce qui m’a remonté à bloc.
Le parcours
Pour commencé, ayant presque exclusivement volé dans les Alpes du Nord (Je place la limite quelques dizaines de kilomètre au sud de Grenoble), je ne connais quasiment aucune partie du parcours.
Mon premier reflex a été d’étudié les itinéraires utilisés par les traces CFD avec un point de vue macro. Pour cela j’ai utilisé FlyXC avec le layer Airways d’activé.
Le parcours a l’air pas mal expérimenté… enfin dans les dernier 3/4. Une premier zone se distingue de suite. Le premier quart du parcours ne semble pas forcément très emprunté. En y regardant de plus près les lignes les plus fréquentées commence logiquement en arrivant sur les relief alpins. Peu importe le cap de départ de la Sainte Victoire, il va y avoir une bonne soixantaine de kilomètre de plaine à parcourir avec un risque non négligeable de poser sans pouvoir redécoller.
En y regardant de plus près, on distingue deux caps de départ.
Le principal part en direction du NE vers le Parc naturel du Verdon. Un second moins utilisé part quelques degré plus à l’Est que le cap de l’arrivée en direction de la montagne de Lure. Il ne reste plus qu’à étudier les deux trajets qui se dessinent.
Ce premier parcours de 260km ce décompose en:
Parcours Est
60km de vol de plaine vers Moustiers Sainte Marie
Une remonté vers Dignes les Bains pour rattraper la montagne du Cheval Blanc
Un cheminement jusqu’au lac de Serre Ponçon, une première étape qui m’est déjà connu.
Transition vers Chorges et remontée le long du Champsaur
Suivant le moment de la journée:
En après midi, atteindre Chamrousse et remonter Beldonne
En matinée aller vers le Vercors, cheminer le long du cirque de Trieves pour atteindre la Chartreuse
Parcours Ouest
Ce parcours plus direct (205km) peut se résumer en:
70km de plaine pour arriver sur la montagne de Lure
Remontée les Barronies jusqu’à Aspres sur Buech
Traverser le Devoluy pour arriver au cirque de Trieves
La suite est identique à celle du premier parcours direction Belledonne, ou à longer la Chartreuse
Le parcours Est est celui qui me plait le plus, il semble présenter moins de difficulté sur la première étape (La plaine). Par contre le parcours Ouest est bien plus direct et pourrait permettre un trajet plus rapide.
Vous voyez des choses qui clochent dans ces parcours ? C’est bien normal, ce sont des plans sans connaître les lieux autrement que par internet et la suite de ce récit va vous montrer que je ne les connais toujours pas.
Me voilà avec mon plan de vol:
Échauffement
Nous voilà en Juin, j’ai pris soin de poser la semaine avant la compétition pour découvrir les lieux et voler un peu dans le coin. Un grand merci à Olivier qui m’a proposé de m’héberger dans sa maison au pied de la montagne de la Sainte Victoire. Un jardin avec une magnifique vue pour se reposer de ce soleil de plomb.
Le premier jour, le dimanche, me permet de découvrir le site de vol, la vache dans les Ubacs juste au Nord de la Sainte Victoire et les randos d’approches. Sympathique comme site, mais je suis pressé de retrouver les montagnes. Cette plaine est trop désertique pour moi, où sont les marais et les prairies verdoyantes ?
Les locaux rencontrés sont très pessimistes pour la météo de la fin de semaine. En effet un vent très fort est prévu dès le jeudi alors que le départ de la compétition est le vendredi.
Le lundi matin, je me motive à prendre tout mon matériel de bivouac, je vais tenter de réaliser la première étape vers Moustiers Sainte Marie. Le retour à la Sainte Victoire ne sera peut être pas pour aujourd’hui, il faut être préparé. De plus, si la course a de grande chance d’être annulée, autant faire le parcours par moi même en ce début de semaine.
Jour 1 – Sainte Victoire / Moustiers Sainte Marie – Ca va vite !
Rando Puyloubier / Pic des Mouches
Réveil 8h. J’ai chaud. Je me lève. Je transpire. Ce soleil me veut du mal ! J’hésite entre partir pour la randonnée tôt pour éviter les heures les plus chaude sur ce versant Sud ou partir tard pour éviter d’attendre au soleil une fois en haut. Je décide de prendre mon temps pour préparer mes affaires et être en haut vers 13h. Cela m’évitera aussi de décoller trop tôt au premiers signes d’installation des conditions.
Durant la fin de la rando, j’observe les premières ailes atteignant les nuages. Je me dis déjà que je suis en retard… Heureusement que je ne suis pas monté plus tôt j’aurais pu me faire piéger à les suivre sans que les conditions soient optimales. Et l’objectif de la journée est bien de traverser la plaine, il vaut mieux avoir les meilleures conditions possibles.
Extraction
Arrivé au décollage, je suis rejoins par un local. On s’entend pour partir en même temps pour s’aider au possible durant les premières parties du vols.
On est au même niveau, je le laisse prendre les devant vers les Ubacs. Je suis un peu refroidi par la vache que j’y ai fais la veille. Mais tous ce passe mieux. Les nuages sont mieux formés et balisent bien le ciel. Peut être même trop formé, j’ai perdu mon compagnon de vol entre ces beaux cums. Pas grave, je prends le cap NE vers mon objectif du jour.
Passage des zones aériennes
Après le passage psychologique des Ubacs, je commence à me sentir à l’aise en l’air et à reprendre confiance. Mais me voilà face à une autre barrière: les zones aériennes.
Trois zones se dressent sur mon passage. Deux polygonales, activées en semaine, forment un couloir en NE ou est posée la dernière: P10 Cadarache. C’est avec celle-ci que tout va se jouer. Cette zone cylindrique monte jusqu’à 1280m. Il va être difficile de passer dans les étroits passages entre la P10 et les deux autres zones. Il faut passer au dessus. Mais attention, le CEA Cadarache n’est point accueillant, il va falloir prendre de bonnes marges avant de survoler la zone.
Je m’approche des zones ricochant par deux fois en quittant des thermiques pour éviter la zone la plus au sud. Me voilà à 1230m, à regarder les yeux dans les yeux la P10. Je ne suis qu’à 1km, c’est mon point le plus bas de ce début de vol. Il va falloir se concentré.
Je cherche, je me bats, je sens qu’un thermique puissant n’est pas loin. Je grappille mètre par mètre, 30cm/s en moyenne sur 5min. A force d’être concentré je commencerais presque à voir le noyau de ce thermique se matérialiser juste derrière la parois de la P10. Environ 50m d’altitude de marge, je me permets de me décaler un peu au dessus de Cadarache, le sourire revient. l’ascendance est bien là où je l’imaginais. Je retrouve un bon vario qui me permet d’être confortable au dessus de la zone pour faire une traversée sereine entre 1700 et 1950m. je me permets même d’enrouler de temps en temps pour garder un maximum de marge.
Direction le lac d’Esparron
Je laisse Cadarache dans mon dos pour filer vers mon objectif. De temps en temps je me permet d’enrouler et sur quelques tours pour garder un maximum de hauteur. Ce n’est pas le moment de réduire les marges et de se retrouver à l’enterrer là. Justement la deuxième moitié de la transition ne m’offre plus d’ascendance et me fait descendre à 800m du sol. 800m, cela peut paraître beaucoup, mais c’est très peu lorsque l’on était à 1500m 12min plus tôt.
Je sens une ascendance, je la cherche, je la travaille, 8min à +11cm/s. Je ne suis qu’à deux kilomètres du lac d’Esparron.
Je me dis que si je perds ce thermique j’aurais au moins eu le plaisir de survoler ce lac et ses gorges (un vrai plaisir pour les yeux).
Heureusement j’arrive à ne pas me faire distraire par la beauté du paysage et je reste concentrer à exploiter l’ascendance. Je garde 850m qui me permette de souffler un peu et de profiter.
Traversée du Plateau de Valensole
Me voilà face à ma prochaine étape, un plateau de 20km à traverser pour atteindre Moustiers Sainte marie. Je profite de nuages balisant très bien le ciel pour naviguer rapidement. Plafond, transition direction un nuage, exploitation.
Bon par contre j’avoue ne pas bien réussir à analyser lorsqu’un nuage est en formation (Intéressant) ou lorsqu’il est en fin de vie (A éviter).
Lors de ma première transition, j’observe un surdeveloppement assez important sur le parcours alternatif que j’avais étudié plus à l’Est. J’ai fais le bon choix de parcours pour ce jour.
Au fur et à mesure de l’avance, je n’arrive plus à soigner les plafonds, de plus voyant l’objectif se rapprocher je suis de moins en moins patient. Pour un peu je me retrouve bloqué en haut du plateau (oui il n’est pas horizontal mais en montée vers Moustiers Sainte Marie).
Raccrochage au début des Alpes
L’objectif d’atteindre Moustiers est à portée de main. Maintenant il est temps d’essayer d’aller plus loin. Je repère le déco de Courchon sur la falaise au dessus de Moustiers. En soignant le thermique de la fin du plateau, je devrais pouvoir l’atteindre. Ensuite en deuxième ligne se présente le relief du Montdenier. Celui-ci sera plus difficile à rejoindre.
Je me lance pour la transition vers le Courchon. En survolant la vallée de Moustiers, je me sens heureux d’avoir pris suffisamment d’altitude pour traverser. Je n’arrive pas à repérer l’atterro officiel et apparemment le sujet est sensible avec les locaux.
Je vise des planeurs entrain d’enrouler au dessus des falaises du Courchon pour exploiter les thermiques qu’ils balisent. Mais rien y fait je n’arrive pas à les trouver. En effet, les planeurs aussi changent de spot. J’arrive à exploiter des petites ascendances pour me maintenir au dessus de la falaise mais sans pouvoir prendre l’altitude pour rejoindre le Montdenier.
Je décide de poser sur le plateau derrière la falaise pour éviter le risque de descendre sous la hauteur du déco. J’essaye d’être assez loin de la falaise pour éviter les rouleaux qu’elle peut provoquer. Les biplaceurs qui arriveront quelques dizaines de minutes plus tard me montreront où atterrir… Directement sur la falaise au déco.
Grimpette pour le bivouac
Me voilà posé au déco de Crouchon. La prochaine consiste à monter au déco du Montdenier pour poser le bivouac de ce soir.
Me voilà parti pour une bonne montée jusqu’au décollage du Montdenier pour finir l’après midi.
Je peux enfin poser ma tente sur un plateau verdoyant à quelques dizaines de mètres de déco. Je rencontre les voisins du quartier qui m’ont l’air fort sympathique haut perché sur leurs 4 grandes pattes et avec leur tête coiffée de petites cornes. Bon ils sont un brin craintif à fuir dès que je le commence à entamer la discussion. Farouche ces chamois…
La tente dans sa prairie, le Montdenier en fond
Plus tard, assis sur le contrefort des Alpes j’observe la plaine qui s’étend au loin jusqu’à la silhouette de la Sainte Victoire. Le matin même je ne connaissais pas l’endroit, mais il n’y a pas à dire je suis à ma place.
On devine la Sainte Victoire au loin
Posé à coté de ma manche à air
Peu à peu le soleil s’enfuit devant moi. Je passe la soirée à bouquiner jusqu’à finir sous la Lune, dans le froid, trop heureux pour me rentrer avant de longues heures.
Pratique la liseuse
Jour 2 – Moustiers Sainte Marie – Dignes les Bain – On lève le pied
Le réveil
Me voilà débout de bon matin avec une lumière qui embellit le plateau. Je prends mon temps pour manger tranquillement. Rien ne presse je suis sur un site orienté en Ouest.
Un temps magnifique pour commencer une belle journée
Les prévis météo ne sont vraiment pas optimistes et indiquent un vent fort en Est pour une bonne partie de la matinée. Comme j’ai du mal à rester en place et que je me dis que décollant de plus haut j’aurais forcément moins de risque de faire un tas, je me décide à monter jusqu’au sommet du Pavillon.
La manche tout à fait dans le mauvais sensPetite randonnée matinale de 3,3km pour 250m de D+
Je découvre le plateau en le traversant et y découvre une magnifique nature qui me fait rapidement oublier que je ne suis qu’au bord des premiers reliefs des Alpes.
Belle promenade dans la végétation du plateau
Un petit raidillon me fait arriver en haut de la crête et m’offre une vue sur les montagnes qui pourraient me faire rejoindre Saint André des Alpes… Si je n’avais pas que deux mots en tête: Grenoble, Nord, Nord, Nord !
En longeant la crête, j’arrive rapidement au sommet du Pavillon. Il représente parfaitement le bout de ce relief qui s’étend sur l’axe Nord/Sud. Le pignon est assez large pour me mettre en confiance sur la création de beaux thermiques. Je suis heureux de mon choix d’être monté pour décoller.
Extraction
La journée est bien avancée, la brise de pente est en place, j’ai le couteau entre le dent, il est temps de décoller.
Je m’élance sur la face Sud, je cherche, je gratte, je gratte. Rien y fait je ne fais que descendre. Je commence à me dire que je n’ai pas choisi le bon moment. Pour me mettre en sécurité j’évite de me place trop sur le coté Est de la crête et ainsi j’évite d’être bloqué dans cette vallée qui me parait bien hostile.
Belle séance de prospection
Je garde le plateau où j’ai bivouaqué cette nuit à portée de finesse pour m’assurer un deuxième vol en cas de plomb. Je prospecte un peu plus au Sud sur l’avancée que fait la crête. Et voilà un premier vario possitif après 5min de vol. Je prospecte, je cherche, j’analyse le terrain, durant encore 5min avant de retrouver le (ou un autre) thermique 500m plus au Nord. Celui là il m’est interdit de le lacher, c’est lui qui doit me lancer dans mon vol ! Je le centre, je le tiens, je suis concentré au maximum. L’ascendance m’emmène 500m plus haut, à 2000m.
La visibilité n’est pas meilleure que la veille
Je comprends de suite que les forts développements et les plafonds trop bas vont m’handicaper.
Cheminement au dessus du Montdenier
Le cheminement sur la crête se fait sans difficulté. La hauteur sous mes pieds et un thermique franc me permettent d’accéder au plafond en survolant l’extrémité Nord du Montedenier (Ce qui semble réellement s’appeler le Montdenier d’ailleurs). Je soigne mon plaf de peur de la prochaine transition.
Plein Nord toutes
Remontée sur la montagne de Beynes
La veille en étudiant les traces GPS des cross réalisés dans le coin, je m’étais fixé 2300m pour les deux transitions qui devaient m’emmener jusqu’au relief du Cheval Blanc. Je suis 200m en dessous, mais les nuages se rapprochent fortement et sont de plus en plus imposants.
Beaucoup de nuages, une visibilité très limitée, l’ambiance est vraiment bizarre
Je prends la décision de transiter vers la montagne de Beynes. En route je grapille 100m dans deux petites ascendances. Cette décision aura été la bonne, cela me permet de me placer sur la partie basse de la ligne de falaise de la montagne de Beynes.
Comparaison en les transitions des autres pilotes et la mienne
Après il s’avère que les autres pilotes privilégient , depuis le Montdenier, une étape vers l’Ouest avant de transiter sur la montagne de Beynes.
De là, je me retrouve à gratter pendant plus de 15min à grapiller quelques dizaines de mètres pour les reperdre avant de trouver un nouvel ascendeur pour atteindre le paf. 4min après je me retrouve 450m plus haut, à 2150m, à portée des nuages. Il est temps d’avancer.
Je l’ai bien découverte cette falaise
Objectif Cousson
D’ici deux lignes de cross se proposent à moi. La première, celle que j’avais initialement prévue m’emmène vers le Cheval Blanc puis remonte jusqu’à Saint Vincent les Forts. La deuxième, soufflé par un local participant à la X-Pic consiste à passer au dessus du Cousson, de survoler Dignes les Bains de raccrocher au relief à son NO, puis de suivre une crête en Nord pour atteindre la crête de Dormiouse au niveau de Seyne ou de la Tete de l’Estrop. Ce parcours me plaît beaucoup moins, il a l’air bien plus difficile et je ne l’ai pas étudié avant cette nuit sur mon portable (Pas les conditions idéales, mais c’est déjà très bien de pouvoir capter en bivouac).
Un point de danger me fait éviter le premier parcours. Des nuages sur-développent déjà au dessus du Cheval Blanc. Je me rabats sur la solution Dignes les Bains.
Cousson droit devantComparaison en les transitions des autres pilotes et la mienne
Une fois n’est pas coutume, je ne prends pas la bonne ligne. Je ne cherche pas les thermiques au bon endroit. J’aurais du viser sur le relief un peu plus à l’Ouest. Au lieu de cela, je fuis sur l’espèce de fond de vallée qui est à l’Est. J’espère trouver de quoi à me refaire. Malheureusement je n’arrive pas à accrocher les thermiques que je rencontre. Je sens que la brise de vallée est forte, mais je ne monte pas pour autant en dynamique. J’appréhende de poser dans ce fond de vallée en me faisant reculer. Je prends la décision d’avancer vers l’Ouest tout en prospectant des thermiques sur les faces Sud du Cousson mais rien n’y fait.
Je tombe vite à 20km/h (Premier barreau si je m’en souviens bien). Je descends toujours plus, relief monte tout autour de moi, je sens ma finesse catastrophique. Pour repère, vous pouvez vous dire que je passe plus bas que le haut du bout de la crête de droite.
Deux choix atterros: les berges de la rivière ou le champs en face
10min après quitter le fond de vallée, je me retrouve à poser dans un champs 800m plus bas.
Bricolage pour atteindre la Saint Vincent les Forts
Me voilà a 20km de mon bivouac de la nuit alors que j’avais pour objectif d’en faire 70. Je suis partagé entre l’idée de monter le Cousson à pied pour suivre l’itinéraire prévu et le risque que les sur-développement qui étaient sur le Cheval Blanc prenne de l’ampleur et empêche tout vol. Après un check météo, je vois que des orages sont prévus sur toutes la crête entre le Cheval Blanc et Dormiouse. Je préfère continuer mon chemin par la route pour éviter tout danger.
La météo prévoit le dernier jour volable pour le lendemain, ensuite un vent bien de trop fort arrivera sur tous les Alpes. Je décide donc de m’avancer jusqu’à Saint Vincent les Forts pour avoir une chance d’avancer sur une partie de l’itinéraire que je connais le moins: Serre-Ponçon/Grenoble. Après coup, viser Gap, pour le déco des Richards ou de Chorges aurait été une bien meilleur idée.
Je navigue entre un stop, de la marche et un bus pour arriver au final à Saint Vincent les Forts.
Improvisation tardive
Le ciel est lavé, les orages sont passés mais il est tard et le soleil bien bâché. Je profite d’un léger souffle d’air pour profiter d’un soaring bien appréciable. Je suis heureux d’être à nouveau en l’air.
Belle lumière du soir
En même temps que profiter du paysage, je réfléchis. Soit je pose en pour dormir dans un camping et avoir une bonne douche (Appréciable après deux jours de vadrouille), soit je trouve un endroit ou dormir au niveau de Saint Vincent pour éviter la remonté depuis le camping le lendemain. Soudain une autre idée me vient à l’esprit, si le but du lendemain est de décoller de Dormiouse, pourquoi ne pas prendre de l’avance et bivouaqué sur le chemin du sommet. Ni une, ni deux, je me pose au déco, mange, le repas du soir, plie bagage, puis file sur le sentier qui s’enfonce dans la forêt. Il est 21h, sacré idée de commencer une rando dans les bois à cette heure là.
La luminosité baisse, je suis en pleine marche forcée, il y a 4,5km à faire avant d’atteindre les premiers espaces en sortie de forêt. Sur le chemin, je rencontre à nouveau un voisin cervidés qui me coupe la route. Enfin non, il était dans son droit au nom de la priorité à droite.
Une ambiance sympa mais oppressante dans la forêt avec la nuit qui tombe
Au bout d’une heure, après avoir sué toute l’eau de mon corps, j’arrive dans un pâturage. Il fait maintenant aussi sombre à l’extérieur que dans le bois. Je m’empresse de monter ma tente et ne fini dans le noir le plus complet. Des nuages se sont à nouveau formé, je risque de me prendre quelques petites gouttes.
Contrairement à la veille je ne suis pas dans un spot parfait pour le bivouac, mais de toute façon je suis bien de trop fatigué pour en profiter. Je ne lis pas un chapitre avant de m’endormir et de rêver de la douche que j’ai esquivé.
Direction Dormiouse
Au petit matin, je découvre mon bivouac, la tente planté à la croisée de deux, dans une pente tout ce qui à de moins horizontale. Enfin j’ai plutôt bien dormi sur cet épais matelas d’herbe. Petit casse croûte et c’est parti pour le sommet. Plus vite j’y serais plus vite je pourrais profiter en haut.
Par contre, il y a eu de petites pluies une bonne partie de la nuit. L’herbe est parfaitement trempée. J’ai rapidement les pieds trempés (J’ai privilégié les chaussures de trail plutôt que les bonnes chaussures de rando, pour la première fois je l’ai regretté).
3,5km 630m D+ de bon matin
La deuxième partie de l’ascension de Dormiouse se passe difficilement. Je me sens fatigué, trempé et sens objectif de timing. Je prends mon temps pour profiter de ce sentier que je ne connais pas (L’année précédente, j’avais emprunté l’itinéraire de montée plus à l’Est). Quelques passages sont très impressionnants par leur verticalité.
A 9h30, j’atteins le sommet sous un beau soleil. Il est urgent d’attendre les conditions. Je fais sécher ma tente et mes chaussures tout en faisant bronzette un bouquin à la main.
Un petit saucisson d’attente
Les nuages commencent à se former à mon niveau, j’attends qu’ils remontent, mais voilà qu’ils commencent à se développer sans pour autant monter. J’attends, leur base va bien finir par s’élever. Mais voilà que 3h30 après mon arrivée, il commence à pleuvoir. S’en est de trop, je remballe tout et commence à descendre sans aucune visibilité par le sentier vers Saint Jean de Monclar.
Est ce que l’on est bien en condition de VFR ?
Je sens que la journée va être involable avec cette pluie. Pendant que je dévale la pente, j’observe que les nuages sont remontés et ne sont concentrés que sur Dormiouse. Sûrement que se décharger leur a fait perdre une partie de leur volume. Je suis maintenant trop bas pour remonter. Je vise le déco de Saint Jean de Monclar pour au moins atteindre la route Baronnette / Gap afin de rentrer le plus facilement possible à Grenoble.
4,5km 560m D-, le sourire n’était plus au rendez vous
Je suis sur le déco, l’aile dépliée, à seulement 2km et moins de 100m plus haut que mon bivouac de la veille. Je me surprends à espérer pouvoir exploiter des ascendances durant ce vol (Éternel optimiste que je suis).
Remontada !
Je m’élance sur ce déco. J’ai le temps pour chercher des ascendances avant de devoir fuir vers Saint Vincent. Après 10min à gratter et zérotter je trouve un beau thermique qui me monte jusqu’en haut de Dormiouse. Me revoilà tout sourire.
Dormiouse de retour au soleil
Je commence à me déplacer vers le Morgon, mais je dois contourner les nuages de Dormiouse ce qui me fait perdre 250m avant la transition. Je suis au dessus du lac de Serre-Ponçon, il fait beau, tout va à nouveau bien.
On se calme, monsieur !
J’arrive sur les pentes du Morgon, il me suffit maintenant de trouver l’ascendance qui me permettra d’atteindre le plaf et de transiter vers le Pic des Chabrières. Mais là rien, je longe tout le relief, pas un bip. Je commence à revenir vers l’atterro de Saint Vincent pour assurer une transition retour la queue entre les pattes.
Est ce que le retour de l’autre coté passe ?
Ca y est je trouve un semblant de thermique. Je galère à le localiser, je me fait bien brasser tout en continuant à descendre. Je dois être sous le vent de l’ascendance c’est forcément cela. Rien y fait, je n’arrive pas à l’exploiter. Je file vers les campings de Saint Vincent pour y passer la nuit.
Voilà que je retrouve de quoi à zéroter 5min à 50m sol au dessus des campings, mais non cela ne suffira pas. Je prends bien gaffe aux voitures qui arrivent (Qu’elles n’arrivent pas surtout) et me pose tranquillement sur la route.
Je fais les comptes, une journée après arriver à Saint Vincent, j’ai avancé de… 1km. L’arrivée a Grenoble est encore bien loin. Le reste du parcours se fera en bus et en covoit, il n’est plus question de voler avec la tempête qui est annoncée. Par contre la douche du camping est maintenant bien proche !
« Oups je ne l’avais pas vu d’en haut » (En vrai c’est pour le champs)
Epilogue
Bronzette au bord du lac, douche, dodo, bus, covoit, train. Enfin arrivé à Grenoble chez le frangin. A deux doigts de m’ouvrir une boite de maquereaux pour le midi, ce même frangin me rappelle qu’il y a bien mieux à faire. De suite je suis convaincu, j’enfourche son vélo direction Lumbin pour dévorer un burger à l’Atterro.
Tout ce périple pour ça
Voilà l’aventure est bouclée, rando, vol, stop, bus, covoit, train et vélo mais je suis au but.
Conclusion
Bon le périple ne se sera pas du tout passé comme prévu mais il aura le mérite d’avoir été fait. Plein de découverte et de beau paysage. Je n’aurais fais que le tiers du parcours prévu en vol, la prochaine fois je reviendrais plus préparé pour prendre ma revanche.
Cet été lors de vacances dans les Alpes, la météo m’a fait arriver à Saint Vincent les forts. n’ayant jamais volé plus au Sud de Grenoble, tous le coin a été une (belle) découverte pour moi. Un de mes objectifs de l’année était de tenter un vol bivouac (C’est une de mes plus grandes motivations depuis mes début dans le parapente), je sentais que c’était le bon moment !
Préparation
En regardant les traces CFD depuis Saint Vincent, j’ai de suite vu que le vol classique du coin est à suivre la crête vers le Sud. On a déjà un plan de vol parfait. En observant sur la place les sommets plus à l’Est du Morgon pouvait être sympa aussi pour bivouaquer mais trop proche du point de départ. Voilà une bonne solution de secours. Le site de Saint Vincent les Forts commence à marcher assez tard 14h et est assez bas (1300m), je préfère donc m’orienter vers le sommet de Dormiouse (2500m). La rando pour aller jusqu’en haut m’occupera la matinée.
Rando direction Dormiouse
Me voilà le matin 10h à Saint Vincent, le matos de bivouac et de vol dans le sac. Plan de marche vers le sommet de Dormiouse 7km/1200m de dénivelé. Bon je ne suis pas en avance, il ne va pas falloir traîner.
Après 100m, première constatation: « Oh purée que c’est lourd ! ». j’ai eu quelques heures pour estimer le poids de l’ensemble à environ 22kg, il va falloir réduire un peu ça pour les prochaine fois.
Première étape Saint Vincent les Forts/Dormiouse (BRouter)
Belle rando en face Nord permettant de ne pas trop subir le soleil.
Deux panoramas pendant la montée (Oui les photos sont surtout une excuses pour faire des pauses)
Arrivée au sommet
Après en avoir bavé 3h, je me retrouve au sommet de Dormiouse… à retrouver le chemin arrive du haut de la gare de télésiège. Okay on n’a pas vécu la montée de la même façon.
Me voilà dans un lieu inconnu, il va falloir prospecter pour trouver un bon décollage. Mais patience je reconnais d’ici des marcheurs avec des sacs Nervures. Il y a du volants dans le coin.
Pas de chance ce groupe ne connaît pas non plus ce déco, mais coup de chance ils sont très sympas. 5 pilotes du club de Lans en Vercors. Leur plan de vol, prendre la crête au Sud direction Saint André des Alpes. Je ne mettais pas donné d’objectif comme tel mais je compte aussi partir dans cette direction. Je m’incruste dans leur groupe et on va un peu plus bas que le sommet vers un coin qui nous parait bien pour décoller.
Décollage
Nous voilà fin prêt, 6 gaillards, tous avec le matos de bivouac dans la sellette (Je suis par contre le seul avec des boites de conserve, oui ce choix tactique n’est pas forcément top).
J’ai remarqué un fil rouge durant ce périple, les décos sont de plus en plus acceptables.
La rocailles ça vous gagne
J’ai donc commencé avec un déco bien dégueulasse comme on aime. J’y aille d’ailleurs sûrement perdu le gainage d’un de mes freins. Suspentes dégainées, performances améliorées !
14h, On s’élance les un après les autres en attendant les suivant avant de partir. La masse d’air semble généreux et plutôt sympa. Je suis prêt pour foncer vers l’inconnu.
Le décollage, sûrement le seul moment où on a tous été groupé
Après un petit quart d’heure, une annonce à la radio, une suspente d’un des collègues s’est coupée sur un rocher. Il ne volera pas. Nous voilà déjà plus que 5. Plus qu’à attendre le dernier et nous seront prêt à partir.
Objectif droit devant loin, loin, loin
Le timing a été parfait, au moment ou tout le monde avait fait un plaf et était prêt à partir… je fais un tas et perds 500m. Me voilà sous tout le monde à devoir courir pour rattraper le groupe.
Direction la Tête de l’Estrop
J’ai donc passé la première partie du vol en queue de peloton à me dépêcher. D’un coté c’était un bon exercice, je suis habituellement du genre très conservateur et lent.
Conservateur ? Non, juste que je déteste être sous les crêtesIci, on est bien !
Même en essayant d’adopter une mentalité d’Alpin: « Tu pousses sur l’accelérateur, tu avances et tu n’enroules pas ! », j’ai apprécié exploiter de généreux thermiques bien dignes des Alpes du Sud.
D’un autre coté, un collègue du groupe s’est fait enfoncer dans les avant reliefs et a manqué de devoir poser. Plus que 4 dans le groupe. A ce moment là j’ai apprécié d’être très conservateur.
Je ne descendrais pas plus bas que ça !
Pendant ce temps, je voyais une Artik du groupe rester constamment au dessus des sommets en avant de tout le monde. Okay ça va être dur de le rejoindre celui là !
Arrivé au point culminant du voyage
Première belle étape de vol, me voilà à hauteur de ce magnifique sommet enneigé qui me faisait tant envie de loin.
Du déco à la tête de l’Estrop (Ayvri)Du déco à la tête de l’Estrop (LogFly)
Magic transition
Je ne connaissais pas ce sommet mais apparemment les collègues semblaient bien l’avoir repéré comme point de passage vers Saint André. Très bien je suis.
Revue des troupes: L’Artik est devant je ne la trouve plus. Je ne m’inquiète pas pour lui, je suis 200m derrière Seb et sa Sigma. Un troisème pilote est juste derrière moi, je l’ai rattrapé dans le dernier thermique (Yoooouuhhhouu, j’ai réussi à rattraper du monde !) et le dernier qui était sur les avant reliefs réussi à se refaire mais à beaucoup de retard. On se disperse les amis !
La crête continue au Sud Est mais je vois Seb partir au dessus d’une crête 1000m plus basse direction Sud Ouest. Quoi ? Behhh …. Heu… ça ne me va pas je veux rester au dessus de mes sommets moi. Bon wait and see. Mais il ne descend pas là. Huummm. Mais il monte même. Okay je suis. 4.5km à continuer à monter. Mais c’est un génie ce gars. Où est ce que l’on est ? Une confluence ici ? En tous cas j’accepte.
Tiré par les nuages ? Confluence ?
Mine de rien j’ai l’impression que le phénomène est temporaire, Seb devant se maintient mieux que moi (Non mon Epsilon ne vole pas moins bien qu’une Sigma) et la voile qui me suit semble bien plus perdre.
Mais je suis toujours à la même altitude qu’au départ là
Au milieu de ce cheminement, un message radio: « Je suis juste de poser dans un pierrier, je remonte un peu et j’essaye de repartir ». C’est notre Artik qui est posé ? Comment ça il est descendu de ces crêtes ? Oui je l’aperçois en contrebas plus à l’Est. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais ça m’a paru étonnant. Nous ne sommes plus que 3 dans la course.
Maintenant que va t’il se passer. La crête que l’on suit baisse petit à petit, on va bientôt faire du vol de plaine. Et là magie, la Sigma qui part à monter. Pas un virage, il se retrouve un bon 500m plus haut. C’est donc ça la magie des Alpes. Là clairement pour moi, Seb est devenu un génie. Tout était parfait comme s’il y avait un plan. Apparemment dans les faits, ça a été un enchaînement de bonnes opportunités, mais je dis chapeau.
On a la hauteur on est sauvé. C’est partit direction les sommets.
Cheval Blanc (Le sommet à droite). On est (pour l’instant) sur la bonne routeDe la tête de l’Estrop à raccrocher à l’Est du Cheval Blanc (Ayvri)De la tête de l’Estrop à raccrocher à l’Est du Cheval Blanc (LogFly)
Une petite erreur de parcours
Un peu en avance sur la Spantik qui me suivait (La transition a moins été généreuse pour lui). Je suis à la trace Seb qui passe à l’Est du relief du Cheval Blanc (Droit devant sur la photo).
Je ne sais pas où je vais mais en tous cas j’y vais*
Bizarre je serais bien resté à suivre la grande crête qui partait plus vers l’Ouest (Droite). Enfin bon vu ce que Seb m’a trouvé juste avant, je me dis que je peux bien suivre. A partir de là on n’est plus que 2 et on ne peut plus tellement appeler cela un groupe de pilotes.
Après une discution musclée avec ma voile, je déduis que l’on doit être un poil sous le vent.
Non ce ne sont pas les positions de vols nominales
Au fur et à mesure que j’avançais, je voyais bien que l’on allait devoir faire une sacré transition pour raccrocher le prochaine relief. Effectivement après avoir tournée quelques minutes: « Je crois que je me suis planté de relief, on aurait dû passer de l’autre coté du Cheval Blanc ». Bon pas grave on fait demi tour. Ça serait sans compter le flux d’air venant du col que l’on venait de passer. Il va falloir essayer de passer autre part.
Pourrait on passer au dessus de cela ?
Après passer une bonne vingtaine de minutes à se battre pour monter, la radio se réactive: « Je crois bien que cette vallée ça va être la notre ». On est au pied du Cheval Blanc. On doit bien pouvoir décoller là haut, on est pas mal. Mais bon, autant avancer tant que l’on peut.
Seb tente de partir au Sud, parfaitement à ce moment je trouve une thermique qui me fait gagner 600m. Une occasion de sortir de ce bocal ?
Peut on sortir par ce col ?
La tentative de Seb se solde par un échec et il pose dans un champs en contre bas. Il n’y a décidément plus de groupe. Je force le passage d’un col au Sud de la vallée en tombant dans un sacré venturi: « Pourquoi je suis à 5km/h !!! (Accéléré) ». Au final ça passe, de peu mais ça passe.
J’ai bien serré les fesses, c’est plus aérodynamique
Note pour soit même, suivre les points bleus. Problème, en l’air on ne les voit pas.
Le destin d’un vol de groupe: finir seul
De là esseulé, je tente suivre le massif vers l’Ouest pour arriver au Sud du Cheval Blanc. C’est fou à quel point à chaque fois que je voulais prendre une direction, j’étais joyeusement contré. Je commençais à croire que mon Epsilon volait à 15km/h bras haut.
D’un coup surprise, un contact radio de Paul, un des pilotes du groupes. Ou est il ? Nous a t-il suivi dans notre vallée de la mort ? A t-il réussi à avancer et à passer après le Cheval Blanc ? Je ne l’ai pas su, trop occupé à contrôler ma voile, je n’ai pu répondre avant de poser.
Je savais que c’était foutu pour espérer d’aller très loin mais je voulais gratter pour me rapprocher des hauts reliefs, contourner le Cheval Blanc pour arriver de l’autre coté et réduire la distance à monter le lendemain matin. Très mauvaise idée, on verra pourquoi plus tard.
Bonne nouvelle, on peut poser partout iciEt voilà la deuxième étape de faiteC’est beau, mais je ne sais absolument pas où je suis
16h45 après 2h45 et 44km, il est temps de réfléchir à la troisième partie de la journée: se rapprocher d’un décollage et bivouaquer.
Après avoir regardé quelques minutes les possibilités qui s’offrait à moi, je me rends compte que j’ai plutôt mal joué mon coup. Je me suis très fortement écarté du Cheval Blanc (Pas à vol d’oiseau, mais à pied). Le sommet du Pic de Couard pourrait convenir pour redécoller et est plus proche mais je ne sais absolument pas comme il se présente.
16km, 1500D+, on sert les dents et on avance (BRouter)
Je reste donc sur l’idée de repartir à pied pour le Cheval Blanc mais la rando du soir ne va pas être péperre comme j’aurais aimé. Le soleil encore bien haut tapait encore très fort, le sac était toujours aussi lourd. Je rêvais juste d’arriver dans la foret sur le flanc Est du Cheval Blanc pour trouver un peu de fraîcheur.
L’eau commence à manquer, je suis parti avec 3.5L et je finis rapidement d’en consommer la moitié. Pas une maison sur la route, ça pourrait devenir embêtant pour plus tard.
Une fois arrivé au Col de Séoune, je laisse la chaleur derrière mois. J’entame les faces Est, le soleil est moins violent, la foret est plus agréable que le paysage désertique que je laisse derrière mois. Il est clair que pour économiser de l’eau, il vaut mieux avancer le plus possible ce soir là plutôt qu’avoir le soleil en direct le lendemain matin. En même temps, je me demande où son chacun des pilotes du groupes. Peut être que Seb va adopter le même plan que moi, remonter le Cheval Blanc puis y décoller le lendemain. Lui a posé juste au pied de ce relief et est mieux placé que moi pour s’y rendre. Depuis le passage du col, je multiple les appels radios sans réponses.
Après avoir avancer d’un bon 10 kilomètre, je commence à chercher un endroit pour la tente. J’aime particulièrement bien bivouaquer dans des endroits dégagés pour profiter au maximum de la vue mais je me rends compte que je ne vais pas pouvoir passer entièrement la forêt le soir même. Je guette les endroits herbeux et plats (Ce qui était plutôt rare). Parfait j’en trouve un beau, dans ma tête je me dis: « Je fais 100m de plus, si je ne trouve pas mieux je reviens ici ».
50m après, pleins de bruits, les fougères qui bougent, voilà que je surprends une petite famille de pâtés sur pattes.
Hum hum hum, comment réagit une famille de sangliers face à un randonneur ?
Deux sangliers sur le chemin. Ils me voient et s’enfuient. Mais les bruits continus, il doit encore en rester. Je m’approche tranquillement. En tout une dizaine de bestiaux ! Ouhlà ! J’espère que ça ne charge pas ces bordels là. Mais attendez ce ne sont que des marcassins, la madre est encore plus grosses ! Ils ont l’air bien craintifs, essayons de leur faire peur paraitre agressif. Un grand cris et les voilà qui partent tous à fond de cale. Bon tous sauf un qui ne devait pas être le réactif de la famille, il lui a fallu 10 secondes pour ce dire fallait regarder ce qu’il se passait et finir par partir. Une bonne chose de faite mais je ne vais pas dormir par ici. J’ai de suite été motivé pour mettre au moins deux kilomètres entre cet endroit et mon camp.
J’ai pu trouver un endroit au bord de la piste où poser mon bivouac. Je n’avais pas une vue de fou, mais il était presque 21h, il était grand temps de s’arrêter.
Merci pour la tente les parents !
Une bonne occasion pour tester la tente de bivouac offerte par les parents. Niquel et vraiment pas lourde !
Voilà venu l’heure du repas. Pour réduire un peu de poids, je n’ai pas pris de réchaud. La surprise du soir, le mitonné de mouton en boite est étonnement bon froid (Pas pire que chaud en fait). Ceci fait, il est temps de tomber sur son matelas et de sombrer.
Marche d’approche du matin
Réveillé, en pleine forme, prêt à finir l’ascension pour pouvoir prendre le chemin du retour. J’ai toujours ce manque d’eau qui risque d’être problématique. Mais il y a toujours moyen de s’arranger. J’ai du temps avant que les conditions s’installent, la monté se fera à l’économie tout tranquillement.
Tout tranquillement oui, mais le soleil tape déjà bien fort dès que je sors de la forêt. Il faudra prendre plus d’eau la prochaine fois.
A 10h, je me retrouve au sommet. La topologie de la face Est semblent pouvoir bien donner le matin. D’un autre côté, si je rate mon vol et que je descends, je ne serais pas bien pour remonter vu ce qu’il me reste d’eau. Si je vais jusqu’en bas de la vallée pour reprendre de l’eau, il faudra tout remonter (No way !). Je temporise donc un peu en lisant.
Vol de retour: édition matinal
10h30, il fait chaud, je crame, la brise de pente est bien en place. Je décide de me préparer. Il n’y a pas de choix il faut que ça marche.
On s’améliore déjà sur l’état du déco
Une petite pression en plus de d’habitude, je n’ai pas le droit à l’erreur.
Allez porte moi petite briseJe ne veux pas retourner dans la forêt !
Mes inquiétudes se sont vites levées. Les conditions étaient parfaites. Avec même un passage à 2950m à 11h05.
Petite forêt, je ne redescendrais plus te voirEn avant vers le retour (Tout au fond au bout de la crête)
Maintenant le tout est d’avancer sans jamais quitter le haut des crêtes. Je connais les face Ouest mais il est vachement tôt. Je ne sais pas comment marche les face Est dans le coin. J’avance prudemment en gardant en tête que je dois absolument être hyper conservateur pour ne pas me retrouver piégé.
Je me suis imaginé la carte avec la plan de vol et les endroits où ne vraiment pas poser.
Pas de place à l’erreur il faut au moins faire la moitié du chemin
Toutes les vallées à l’Ouest de la première partie du vol sont totalement perdue et orienté à l’opposé de la direction voulu. Rentrer en stop serait une vraie galère. Il est totalement inconcevable d’aller dans les vallées à l’Est. Il n’y a pas de choix, il faut réussir à rejoindre au moins la tête de l’Estrop.
Au bout de 15km, je n’arrive plus à accrocher le haut de la crête. De suite je prends la décision d’atterrir 200m en dessous avant de perdre trop d’altitude.
Un peu de pragmatisme: moins je descends, moins je remonte
Il est 11h40, le prochain vol sera en face Ouest. Je vais devoir attendre le début d’après midi, j’ai tout mon temps pour refaire mon paquetage et remonter à pied.
J’ai déjà fais un bon bout de route alors qu’à la base je ne pensais pas voler le matin. On est en avance sur le planning sans être en difficulté. Parfait.
Vue du vol du matin (Ayvri)Un quart du chemin de fait alors qu’il n’est pas midi (LogFly)
Retour deuxième étape
Après la courte montée à pied, j’en profite pour manger et glander avec un bouquin. 13h, la brise s’est totalement inversée, les conditions se mettent en place, je commence à sortir l’équipement. J’aperçois 2 voiles satellisés plus à l’Ouest. Plus qu’à faire comme eux et je rentre !
Presque de la moquette ce déco
Et c’est parti, à ce coup ci c’est pour poser à Saint Vincent.
Oui dès que l’on se retourne, c’est moins accueillant
De suite grosse galère, 10min à descendre sans rien accrocher. Mince, le plan part mal.
Une lente descente
Encore une fois, la tactique serrage de fesse à plutôt bien marché. Et j’ai pu en quelques thermique sortir de la zone hachuré. Me voilà bien plus serein pour voler.
Au niveau de la tête de l’Estrop, je sens déjà la fraicheur du Lac de Serre Ponçon… ou le froid d’être à 3100
Je commence à entendre des communications sur la radio. Les collègues d’hier, c’est vous ? (Oui ça fait depuis le premier déco de la matinée que je tentais des appels périodiquement).
Enfin dans la bonne vallée
La deuxième partie de la crête se parcourt merveilleusement bien. J’étais dans mon élément, pas une seule fois sous les crêtes, des magnifiques thermiques et un très beau plaf. Peu à peu j’entends de plus en plus de communications radio, ils ont déjà réussir à rentrer plus tôt.
Revoilà l’Artik verte d’hier
Ça y est, je suis arrivé en finesse de l’objectif. Je retrouve la grappe des pilotes qui décollent dans le coin. J’aperçois quelques uns des voiles du groupes, je comprends qu’ils ont eu une navette pour venir les chercher et qu’ils ont redécoller ici. Moi qui les appelait 45km plus loin, je n’étais pas rendu à avoir de réponse.
Le lac en vu il n’y a plus de doute, j’ai atteins l’objectif. Par contre il est 15h10, je n’ai vraiment pas envie de poser. C’est le bon moment pour visiter les alentours.
Je ne connais le coin que depuis 2 jours mais j’ai presque l’impression de rentrer à la maison
Me voilà en direction du Morgon de l’autre coté du premier bras du lac. Plus de prise de risque, je reste en finesse de l’atterro.
Belle région tout de même
S’en suit 1h20 à zoner dans le coin en volant tranquillement. Avant de poser à 50m de la voiture, objectif réussi !
Pour une fois posé pile poil où il fautVoilà pour la dernière étape (LogFly)
Epilogue
Vol
Il n’était même pas 18h, sur un site qui marche de folie le soir. J’ai donc décidé de repartir à nouveau… pour finir en beauté dans l’amélioration des décos.
Ah non, ça c’est de la moquette !
A la base motivé pour juste faire des exos de repose sur ce site où l’atterro est difficile, je suis parti en short/T-shirt. Pas con vu la chaleur. Mais c’était sans compter que vers 19h, une dizaine de pilotes essayaient d’atterrir avec pas mal de difficulté et de nombreuses tentatives. Je leur ai donc laissé la place et j’ai travaillé les petits thermiques sur les flancs de Dormiouse. Pour au final arriver à 2800m à 19h40 équipé comme un touriste à la plage: « Hop là ! Une sacré mauvaise idée ». Il fait bien froid là haut.
Repos
Le lendemain, je pense ne jamais avoir autant apprécié une journée sans plaf. Des heures de glandes au bord du lac et dans le hamac. Comme c’est beau de ne rien faire.
Bière de débrifing avec le groupe de Lans en Vercors
A l’heure qu’il est je n’ai toujours pas eu l’occasion de croiser les amis crosseurs de Lans, ni à Saint Vincent ni en remontant à Grenoble. Il va falloir que j’aille voler chez eux pour leur payer une tournée car sans eux je pense que ce périple aurait été bien différents. Ça sera peut être pour l’année prochaine.
Conclusion
9h10 de vol en deux jours (dont 6h20 le deuxième journée), 90km, 24km à pied, 3000 de dénivelé, deux jours de vols bivouacs et une magnifique première expérience de vol bivouac. C’est bon, j’arrive à réaliser ce qui m’attirait le plus dans le parapente. Ce n’est plus uniquement penser sur un vol mais un tout. J’aurais pu faire 100km d’une traite je n’aurais pas été plus heureux.
J’ai adoré la réflexion qu’il faut adopter. Je pense que je vais me souvenir de ma marche du premier soir lors de tous mes prochains vols bivouacs: « Il vaut mieux poser à un déco qu’en bas » mais surtout « Il vaut mieux poser en bas d’un déco que 15km plus loin ».