Vidéo
Pour commencer, deux vidéos pour mettre en image ces trois journées.
Contexte
Bien motivé par un premier vol bivouac en 2020 (https://www.ata-vollibre.fr/2020/07/20/4-et-5-juillet-2020-vols-bivouac-dormiouse-cheval-blanc/) en aller retour entre le lac de Serre Ponçon et la montagne du Cheval Blanc, j’ai eu envie de rentrer plus sérieusement dans cette pratique.
J’ai trouvé intéressant de participer à une compétition pour passer à un niveau de parcours plus exigeant. Ainsi il me serait possible de m’appuyer sur une organisation et les autres concurrents pour partager sur la météo, le parcours et les différentes expériences de chacun.
C’est ainsi que je me suis intéressé à la X-Pic, une course de vol / rando avec pour objectif de rallier Saint Hilaire depuis la Sainte Victoire en 4 jours.
La X-Pic
En février, me voilà inscris à la X-Pic, la pression monte de mois en mois à l’approche de la course en Juin. Ai je vraiment le niveau pour réussir à boucler le parcours en 4 jours ? Est ce que je ne m’engagerais pas dans une compétition trop dure pour moi…
En effet, le parcours mesure presque 190km à vol d’oiseau et 260km avec le plan de vol que j’envisage. Moi qui pensais boucler mon premier 100km au printemps je n’ai pu que plafonné sous les 80. J’avoue avoir hésité à annuler ma participation jusqu’à au jour où je me suis sérieusement mis à préparer la compétition, ce qui m’a remonté à bloc.
Le parcours
Pour commencé, ayant presque exclusivement volé dans les Alpes du Nord (Je place la limite quelques dizaines de kilomètre au sud de Grenoble), je ne connais quasiment aucune partie du parcours.
Mon premier reflex a été d’étudié les itinéraires utilisés par les traces CFD avec un point de vue macro. Pour cela j’ai utilisé FlyXC avec le layer Airways d’activé.
Le parcours a l’air pas mal expérimenté… enfin dans les dernier 3/4. Une premier zone se distingue de suite. Le premier quart du parcours ne semble pas forcément très emprunté. En y regardant de plus près les lignes les plus fréquentées commence logiquement en arrivant sur les relief alpins. Peu importe le cap de départ de la Sainte Victoire, il va y avoir une bonne soixantaine de kilomètre de plaine à parcourir avec un risque non négligeable de poser sans pouvoir redécoller.
En y regardant de plus près, on distingue deux caps de départ.
Le principal part en direction du NE vers le Parc naturel du Verdon. Un second moins utilisé part quelques degré plus à l’Est que le cap de l’arrivée en direction de la montagne de Lure. Il ne reste plus qu’à étudier les deux trajets qui se dessinent.
Ce premier parcours de 260km ce décompose en:
Parcours Est
- 60km de vol de plaine vers Moustiers Sainte Marie
- Une remonté vers Dignes les Bains pour rattraper la montagne du Cheval Blanc
- Un cheminement jusqu’au lac de Serre Ponçon, une première étape qui m’est déjà connu.
- Transition vers Chorges et remontée le long du Champsaur
- Suivant le moment de la journée:
- En après midi, atteindre Chamrousse et remonter Beldonne
- En matinée aller vers le Vercors, cheminer le long du cirque de Trieves pour atteindre la Chartreuse
Parcours Ouest
Ce parcours plus direct (205km) peut se résumer en:
- 70km de plaine pour arriver sur la montagne de Lure
- Remontée les Barronies jusqu’à Aspres sur Buech
- Traverser le Devoluy pour arriver au cirque de Trieves
- La suite est identique à celle du premier parcours direction Belledonne, ou à longer la Chartreuse
Le parcours Est est celui qui me plait le plus, il semble présenter moins de difficulté sur la première étape (La plaine). Par contre le parcours Ouest est bien plus direct et pourrait permettre un trajet plus rapide.
Vous voyez des choses qui clochent dans ces parcours ? C’est bien normal, ce sont des plans sans connaître les lieux autrement que par internet et la suite de ce récit va vous montrer que je ne les connais toujours pas.
Me voilà avec mon plan de vol:
Échauffement
Nous voilà en Juin, j’ai pris soin de poser la semaine avant la compétition pour découvrir les lieux et voler un peu dans le coin. Un grand merci à Olivier qui m’a proposé de m’héberger dans sa maison au pied de la montagne de la Sainte Victoire. Un jardin avec une magnifique vue pour se reposer de ce soleil de plomb.
Le premier jour, le dimanche, me permet de découvrir le site de vol, la vache dans les Ubacs juste au Nord de la Sainte Victoire et les randos d’approches. Sympathique comme site, mais je suis pressé de retrouver les montagnes. Cette plaine est trop désertique pour moi, où sont les marais et les prairies verdoyantes ?
Les locaux rencontrés sont très pessimistes pour la météo de la fin de semaine. En effet un vent très fort est prévu dès le jeudi alors que le départ de la compétition est le vendredi.
Le lundi matin, je me motive à prendre tout mon matériel de bivouac, je vais tenter de réaliser la première étape vers Moustiers Sainte Marie. Le retour à la Sainte Victoire ne sera peut être pas pour aujourd’hui, il faut être préparé. De plus, si la course a de grande chance d’être annulée, autant faire le parcours par moi même en ce début de semaine.
Jour 1 – Sainte Victoire / Moustiers Sainte Marie – Ca va vite !
Rando Puyloubier / Pic des Mouches
Réveil 8h. J’ai chaud. Je me lève. Je transpire. Ce soleil me veut du mal ! J’hésite entre partir pour la randonnée tôt pour éviter les heures les plus chaude sur ce versant Sud ou partir tard pour éviter d’attendre au soleil une fois en haut. Je décide de prendre mon temps pour préparer mes affaires et être en haut vers 13h. Cela m’évitera aussi de décoller trop tôt au premiers signes d’installation des conditions.
Durant la fin de la rando, j’observe les premières ailes atteignant les nuages. Je me dis déjà que je suis en retard… Heureusement que je ne suis pas monté plus tôt j’aurais pu me faire piéger à les suivre sans que les conditions soient optimales. Et l’objectif de la journée est bien de traverser la plaine, il vaut mieux avoir les meilleures conditions possibles.
Extraction
Arrivé au décollage, je suis rejoins par un local. On s’entend pour partir en même temps pour s’aider au possible durant les premières parties du vols.
On est au même niveau, je le laisse prendre les devant vers les Ubacs. Je suis un peu refroidi par la vache que j’y ai fais la veille. Mais tous ce passe mieux. Les nuages sont mieux formés et balisent bien le ciel. Peut être même trop formé, j’ai perdu mon compagnon de vol entre ces beaux cums. Pas grave, je prends le cap NE vers mon objectif du jour.
Passage des zones aériennes
Après le passage psychologique des Ubacs, je commence à me sentir à l’aise en l’air et à reprendre confiance. Mais me voilà face à une autre barrière: les zones aériennes.
Trois zones se dressent sur mon passage. Deux polygonales, activées en semaine, forment un couloir en NE ou est posée la dernière: P10 Cadarache. C’est avec celle-ci que tout va se jouer. Cette zone cylindrique monte jusqu’à 1280m. Il va être difficile de passer dans les étroits passages entre la P10 et les deux autres zones. Il faut passer au dessus. Mais attention, le CEA Cadarache n’est point accueillant, il va falloir prendre de bonnes marges avant de survoler la zone.
Je m’approche des zones ricochant par deux fois en quittant des thermiques pour éviter la zone la plus au sud. Me voilà à 1230m, à regarder les yeux dans les yeux la P10. Je ne suis qu’à 1km, c’est mon point le plus bas de ce début de vol. Il va falloir se concentré.
Je cherche, je me bats, je sens qu’un thermique puissant n’est pas loin. Je grappille mètre par mètre, 30cm/s en moyenne sur 5min. A force d’être concentré je commencerais presque à voir le noyau de ce thermique se matérialiser juste derrière la parois de la P10. Environ 50m d’altitude de marge, je me permets de me décaler un peu au dessus de Cadarache, le sourire revient. l’ascendance est bien là où je l’imaginais. Je retrouve un bon vario qui me permet d’être confortable au dessus de la zone pour faire une traversée sereine entre 1700 et 1950m. je me permets même d’enrouler de temps en temps pour garder un maximum de marge.
Direction le lac d’Esparron
Je laisse Cadarache dans mon dos pour filer vers mon objectif. De temps en temps je me permet d’enrouler et sur quelques tours pour garder un maximum de hauteur. Ce n’est pas le moment de réduire les marges et de se retrouver à l’enterrer là. Justement la deuxième moitié de la transition ne m’offre plus d’ascendance et me fait descendre à 800m du sol. 800m, cela peut paraître beaucoup, mais c’est très peu lorsque l’on était à 1500m 12min plus tôt.
Je sens une ascendance, je la cherche, je la travaille, 8min à +11cm/s. Je ne suis qu’à deux kilomètres du lac d’Esparron.
Je me dis que si je perds ce thermique j’aurais au moins eu le plaisir de survoler ce lac et ses gorges (un vrai plaisir pour les yeux).
Heureusement j’arrive à ne pas me faire distraire par la beauté du paysage et je reste concentrer à exploiter l’ascendance. Je garde 850m qui me permette de souffler un peu et de profiter.
Traversée du Plateau de Valensole
Me voilà face à ma prochaine étape, un plateau de 20km à traverser pour atteindre Moustiers Sainte marie. Je profite de nuages balisant très bien le ciel pour naviguer rapidement. Plafond, transition direction un nuage, exploitation.
Bon par contre j’avoue ne pas bien réussir à analyser lorsqu’un nuage est en formation (Intéressant) ou lorsqu’il est en fin de vie (A éviter).
Lors de ma première transition, j’observe un surdeveloppement assez important sur le parcours alternatif que j’avais étudié plus à l’Est. J’ai fais le bon choix de parcours pour ce jour.
Au fur et à mesure de l’avance, je n’arrive plus à soigner les plafonds, de plus voyant l’objectif se rapprocher je suis de moins en moins patient. Pour un peu je me retrouve bloqué en haut du plateau (oui il n’est pas horizontal mais en montée vers Moustiers Sainte Marie).
Raccrochage au début des Alpes
L’objectif d’atteindre Moustiers est à portée de main. Maintenant il est temps d’essayer d’aller plus loin. Je repère le déco de Courchon sur la falaise au dessus de Moustiers. En soignant le thermique de la fin du plateau, je devrais pouvoir l’atteindre. Ensuite en deuxième ligne se présente le relief du Montdenier. Celui-ci sera plus difficile à rejoindre.
Je me lance pour la transition vers le Courchon. En survolant la vallée de Moustiers, je me sens heureux d’avoir pris suffisamment d’altitude pour traverser. Je n’arrive pas à repérer l’atterro officiel et apparemment le sujet est sensible avec les locaux.
Je vise des planeurs entrain d’enrouler au dessus des falaises du Courchon pour exploiter les thermiques qu’ils balisent. Mais rien y fait je n’arrive pas à les trouver. En effet, les planeurs aussi changent de spot. J’arrive à exploiter des petites ascendances pour me maintenir au dessus de la falaise mais sans pouvoir prendre l’altitude pour rejoindre le Montdenier.
Je décide de poser sur le plateau derrière la falaise pour éviter le risque de descendre sous la hauteur du déco. J’essaye d’être assez loin de la falaise pour éviter les rouleaux qu’elle peut provoquer. Les biplaceurs qui arriveront quelques dizaines de minutes plus tard me montreront où atterrir… Directement sur la falaise au déco.
Grimpette pour le bivouac
Me voilà posé au déco de Crouchon. La prochaine consiste à monter au déco du Montdenier pour poser le bivouac de ce soir.
Me voilà parti pour une bonne montée jusqu’au décollage du Montdenier pour finir l’après midi.
Je peux enfin poser ma tente sur un plateau verdoyant à quelques dizaines de mètres de déco. Je rencontre les voisins du quartier qui m’ont l’air fort sympathique haut perché sur leurs 4 grandes pattes et avec leur tête coiffée de petites cornes. Bon ils sont un brin craintif à fuir dès que je le commence à entamer la discussion. Farouche ces chamois…
Plus tard, assis sur le contrefort des Alpes j’observe la plaine qui s’étend au loin jusqu’à la silhouette de la Sainte Victoire. Le matin même je ne connaissais pas l’endroit, mais il n’y a pas à dire je suis à ma place.
On devine la Sainte Victoire au loin
Peu à peu le soleil s’enfuit devant moi. Je passe la soirée à bouquiner jusqu’à finir sous la Lune, dans le froid, trop heureux pour me rentrer avant de longues heures.
Pratique la liseuse
Jour 2 – Moustiers Sainte Marie – Dignes les Bain – On lève le pied
Le réveil
Me voilà débout de bon matin avec une lumière qui embellit le plateau. Je prends mon temps pour manger tranquillement. Rien ne presse je suis sur un site orienté en Ouest.
Les prévis météo ne sont vraiment pas optimistes et indiquent un vent fort en Est pour une bonne partie de la matinée. Comme j’ai du mal à rester en place et que je me dis que décollant de plus haut j’aurais forcément moins de risque de faire un tas, je me décide à monter jusqu’au sommet du Pavillon.
Je découvre le plateau en le traversant et y découvre une magnifique nature qui me fait rapidement oublier que je ne suis qu’au bord des premiers reliefs des Alpes.
Un petit raidillon me fait arriver en haut de la crête et m’offre une vue sur les montagnes qui pourraient me faire rejoindre Saint André des Alpes… Si je n’avais pas que deux mots en tête: Grenoble, Nord, Nord, Nord !
En longeant la crête, j’arrive rapidement au sommet du Pavillon. Il représente parfaitement le bout de ce relief qui s’étend sur l’axe Nord/Sud. Le pignon est assez large pour me mettre en confiance sur la création de beaux thermiques. Je suis heureux de mon choix d’être monté pour décoller.
Extraction
La journée est bien avancée, la brise de pente est en place, j’ai le couteau entre le dent, il est temps de décoller.
Je m’élance sur la face Sud, je cherche, je gratte, je gratte. Rien y fait je ne fais que descendre. Je commence à me dire que je n’ai pas choisi le bon moment. Pour me mettre en sécurité j’évite de me place trop sur le coté Est de la crête et ainsi j’évite d’être bloqué dans cette vallée qui me parait bien hostile.
Je garde le plateau où j’ai bivouaqué cette nuit à portée de finesse pour m’assurer un deuxième vol en cas de plomb. Je prospecte un peu plus au Sud sur l’avancée que fait la crête. Et voilà un premier vario possitif après 5min de vol. Je prospecte, je cherche, j’analyse le terrain, durant encore 5min avant de retrouver le (ou un autre) thermique 500m plus au Nord. Celui là il m’est interdit de le lacher, c’est lui qui doit me lancer dans mon vol ! Je le centre, je le tiens, je suis concentré au maximum. L’ascendance m’emmène 500m plus haut, à 2000m.
Je comprends de suite que les forts développements et les plafonds trop bas vont m’handicaper.
Cheminement au dessus du Montdenier
Le cheminement sur la crête se fait sans difficulté. La hauteur sous mes pieds et un thermique franc me permettent d’accéder au plafond en survolant l’extrémité Nord du Montedenier (Ce qui semble réellement s’appeler le Montdenier d’ailleurs). Je soigne mon plaf de peur de la prochaine transition.
Remontée sur la montagne de Beynes
La veille en étudiant les traces GPS des cross réalisés dans le coin, je m’étais fixé 2300m pour les deux transitions qui devaient m’emmener jusqu’au relief du Cheval Blanc. Je suis 200m en dessous, mais les nuages se rapprochent fortement et sont de plus en plus imposants.
Je prends la décision de transiter vers la montagne de Beynes. En route je grapille 100m dans deux petites ascendances. Cette décision aura été la bonne, cela me permet de me placer sur la partie basse de la ligne de falaise de la montagne de Beynes.
Après il s’avère que les autres pilotes privilégient , depuis le Montdenier, une étape vers l’Ouest avant de transiter sur la montagne de Beynes.
De là, je me retrouve à gratter pendant plus de 15min à grapiller quelques dizaines de mètres pour les reperdre avant de trouver un nouvel ascendeur pour atteindre le paf. 4min après je me retrouve 450m plus haut, à 2150m, à portée des nuages. Il est temps d’avancer.
Objectif Cousson
D’ici deux lignes de cross se proposent à moi. La première, celle que j’avais initialement prévue m’emmène vers le Cheval Blanc puis remonte jusqu’à Saint Vincent les Forts. La deuxième, soufflé par un local participant à la X-Pic consiste à passer au dessus du Cousson, de survoler Dignes les Bains de raccrocher au relief à son NO, puis de suivre une crête en Nord pour atteindre la crête de Dormiouse au niveau de Seyne ou de la Tete de l’Estrop. Ce parcours me plaît beaucoup moins, il a l’air bien plus difficile et je ne l’ai pas étudié avant cette nuit sur mon portable (Pas les conditions idéales, mais c’est déjà très bien de pouvoir capter en bivouac).
Un point de danger me fait éviter le premier parcours. Des nuages sur-développent déjà au dessus du Cheval Blanc. Je me rabats sur la solution Dignes les Bains.
Une fois n’est pas coutume, je ne prends pas la bonne ligne. Je ne cherche pas les thermiques au bon endroit. J’aurais du viser sur le relief un peu plus à l’Ouest. Au lieu de cela, je fuis sur l’espèce de fond de vallée qui est à l’Est. J’espère trouver de quoi à me refaire. Malheureusement je n’arrive pas à accrocher les thermiques que je rencontre. Je sens que la brise de vallée est forte, mais je ne monte pas pour autant en dynamique. J’appréhende de poser dans ce fond de vallée en me faisant reculer. Je prends la décision d’avancer vers l’Ouest tout en prospectant des thermiques sur les faces Sud du Cousson mais rien n’y fait.
Je tombe vite à 20km/h (Premier barreau si je m’en souviens bien). Je descends toujours plus, relief monte tout autour de moi, je sens ma finesse catastrophique. Pour repère, vous pouvez vous dire que je passe plus bas que le haut du bout de la crête de droite.
10min après quitter le fond de vallée, je me retrouve à poser dans un champs 800m plus bas.
Bricolage pour atteindre la Saint Vincent les Forts
Me voilà a 20km de mon bivouac de la nuit alors que j’avais pour objectif d’en faire 70. Je suis partagé entre l’idée de monter le Cousson à pied pour suivre l’itinéraire prévu et le risque que les sur-développement qui étaient sur le Cheval Blanc prenne de l’ampleur et empêche tout vol. Après un check météo, je vois que des orages sont prévus sur toutes la crête entre le Cheval Blanc et Dormiouse. Je préfère continuer mon chemin par la route pour éviter tout danger.
La météo prévoit le dernier jour volable pour le lendemain, ensuite un vent bien de trop fort arrivera sur tous les Alpes. Je décide donc de m’avancer jusqu’à Saint Vincent les Forts pour avoir une chance d’avancer sur une partie de l’itinéraire que je connais le moins: Serre-Ponçon/Grenoble. Après coup, viser Gap, pour le déco des Richards ou de Chorges aurait été une bien meilleur idée.
Je navigue entre un stop, de la marche et un bus pour arriver au final à Saint Vincent les Forts.
Improvisation tardive
Le ciel est lavé, les orages sont passés mais il est tard et le soleil bien bâché. Je profite d’un léger souffle d’air pour profiter d’un soaring bien appréciable. Je suis heureux d’être à nouveau en l’air.
En même temps que profiter du paysage, je réfléchis. Soit je pose en pour dormir dans un camping et avoir une bonne douche (Appréciable après deux jours de vadrouille), soit je trouve un endroit ou dormir au niveau de Saint Vincent pour éviter la remonté depuis le camping le lendemain. Soudain une autre idée me vient à l’esprit, si le but du lendemain est de décoller de Dormiouse, pourquoi ne pas prendre de l’avance et bivouaqué sur le chemin du sommet. Ni une, ni deux, je me pose au déco, mange, le repas du soir, plie bagage, puis file sur le sentier qui s’enfonce dans la forêt. Il est 21h, sacré idée de commencer une rando dans les bois à cette heure là.
La luminosité baisse, je suis en pleine marche forcée, il y a 4,5km à faire avant d’atteindre les premiers espaces en sortie de forêt. Sur le chemin, je rencontre à nouveau un voisin cervidés qui me coupe la route. Enfin non, il était dans son droit au nom de la priorité à droite.
Au bout d’une heure, après avoir sué toute l’eau de mon corps, j’arrive dans un pâturage. Il fait maintenant aussi sombre à l’extérieur que dans le bois. Je m’empresse de monter ma tente et ne fini dans le noir le plus complet. Des nuages se sont à nouveau formé, je risque de me prendre quelques petites gouttes.
Contrairement à la veille je ne suis pas dans un spot parfait pour le bivouac, mais de toute façon je suis bien de trop fatigué pour en profiter. Je ne lis pas un chapitre avant de m’endormir et de rêver de la douche que j’ai esquivé.
Direction Dormiouse
Au petit matin, je découvre mon bivouac, la tente planté à la croisée de deux, dans une pente tout ce qui à de moins horizontale. Enfin j’ai plutôt bien dormi sur cet épais matelas d’herbe. Petit casse croûte et c’est parti pour le sommet. Plus vite j’y serais plus vite je pourrais profiter en haut.
Par contre, il y a eu de petites pluies une bonne partie de la nuit. L’herbe est parfaitement trempée. J’ai rapidement les pieds trempés (J’ai privilégié les chaussures de trail plutôt que les bonnes chaussures de rando, pour la première fois je l’ai regretté).
La deuxième partie de l’ascension de Dormiouse se passe difficilement. Je me sens fatigué, trempé et sens objectif de timing. Je prends mon temps pour profiter de ce sentier que je ne connais pas (L’année précédente, j’avais emprunté l’itinéraire de montée plus à l’Est). Quelques passages sont très impressionnants par leur verticalité.
A 9h30, j’atteins le sommet sous un beau soleil. Il est urgent d’attendre les conditions. Je fais sécher ma tente et mes chaussures tout en faisant bronzette un bouquin à la main.
Les nuages commencent à se former à mon niveau, j’attends qu’ils remontent, mais voilà qu’ils commencent à se développer sans pour autant monter. J’attends, leur base va bien finir par s’élever. Mais voilà que 3h30 après mon arrivée, il commence à pleuvoir. S’en est de trop, je remballe tout et commence à descendre sans aucune visibilité par le sentier vers Saint Jean de Monclar.
Je sens que la journée va être involable avec cette pluie. Pendant que je dévale la pente, j’observe que les nuages sont remontés et ne sont concentrés que sur Dormiouse. Sûrement que se décharger leur a fait perdre une partie de leur volume. Je suis maintenant trop bas pour remonter. Je vise le déco de Saint Jean de Monclar pour au moins atteindre la route Baronnette / Gap afin de rentrer le plus facilement possible à Grenoble.
Je suis sur le déco, l’aile dépliée, à seulement 2km et moins de 100m plus haut que mon bivouac de la veille. Je me surprends à espérer pouvoir exploiter des ascendances durant ce vol (Éternel optimiste que je suis).
Remontada !
Je m’élance sur ce déco. J’ai le temps pour chercher des ascendances avant de devoir fuir vers Saint Vincent. Après 10min à gratter et zérotter je trouve un beau thermique qui me monte jusqu’en haut de Dormiouse. Me revoilà tout sourire.
Je commence à me déplacer vers le Morgon, mais je dois contourner les nuages de Dormiouse ce qui me fait perdre 250m avant la transition. Je suis au dessus du lac de Serre-Ponçon, il fait beau, tout va à nouveau bien.
On se calme, monsieur !
J’arrive sur les pentes du Morgon, il me suffit maintenant de trouver l’ascendance qui me permettra d’atteindre le plaf et de transiter vers le Pic des Chabrières. Mais là rien, je longe tout le relief, pas un bip. Je commence à revenir vers l’atterro de Saint Vincent pour assurer une transition retour la queue entre les pattes.
Ca y est je trouve un semblant de thermique. Je galère à le localiser, je me fait bien brasser tout en continuant à descendre. Je dois être sous le vent de l’ascendance c’est forcément cela. Rien y fait, je n’arrive pas à l’exploiter. Je file vers les campings de Saint Vincent pour y passer la nuit.
Voilà que je retrouve de quoi à zéroter 5min à 50m sol au dessus des campings, mais non cela ne suffira pas. Je prends bien gaffe aux voitures qui arrivent (Qu’elles n’arrivent pas surtout) et me pose tranquillement sur la route.
Je fais les comptes, une journée après arriver à Saint Vincent, j’ai avancé de… 1km. L’arrivée a Grenoble est encore bien loin. Le reste du parcours se fera en bus et en covoit, il n’est plus question de voler avec la tempête qui est annoncée. Par contre la douche du camping est maintenant bien proche !
Epilogue
Bronzette au bord du lac, douche, dodo, bus, covoit, train. Enfin arrivé à Grenoble chez le frangin. A deux doigts de m’ouvrir une boite de maquereaux pour le midi, ce même frangin me rappelle qu’il y a bien mieux à faire. De suite je suis convaincu, j’enfourche son vélo direction Lumbin pour dévorer un burger à l’Atterro.
Voilà l’aventure est bouclée, rando, vol, stop, bus, covoit, train et vélo mais je suis au but.
Conclusion
Bon le périple ne se sera pas du tout passé comme prévu mais il aura le mérite d’avoir été fait. Plein de découverte et de beau paysage. Je n’aurais fais que le tiers du parcours prévu en vol, la prochaine fois je reviendrais plus préparé pour prendre ma revanche.